A l’heure où Paris Photo met l’Afrique à l’honneur, la galerie Polka présente l’exposition « Afriques » avec les travaux de Françoise Huguier, Philippe Guionie, Titouan Lamazou, Marc Riboud, Sebastião Salgado et Jürgen Schadeberg. Six regards sur l’Afrique d’hier et d’aujourd’hui.
Françoise Huguier
« Sur les traces de l’Afrique fantôme », 1988-1990
« Secrètes », 1995
« Durban », 1997
La galerie Polka présente en exclusivité 17 tirages d’époque de Françoise Huguier, la co-fondatrice de la première Biennale de la photographie africaine à Bamako en 1994. Tombée amoureuse du continent africain, elle livre les confidences de son long périple.
Depuis 1988, Françoise Huguier a voyagé à travers l’Afrique à la recherche de ce « goût du merveilleux » qui inspira toute l’oeuvre de l’écrivain et ethnologue Michel Leiris. Un premier ouvrage, journal de voyage dans les pas de la mission Dakar-Djibouti qu’accompagne Leiris entre 1931 et 1933, paraît aux éditions Maeght sous le titre : « Sur les traces de l’Afrique fantôme ». Françoise Huguier recevra le prix Médicis pour ce travail, coécrit avec Michel Cressole.
Dans la continuité de ce travail, la photographe part à la découverte des femmes du Burkina Faso et du Mali, ainsi que de Durban, en Afrique du Sud. Elle prend le temps de la rencontre, entre dans leur maison, leur parle, mais surtout les écoute. Sur le ton de la confidence et sous la lumière singulière de l’Afrique, elle dresse des portraits de femmes dans l’intimité, la simplicité et le respect partagés. Les travaux exceptionnels sont l’objet d’un livre « Secrètes », paru chez Actes Sud.
Photographe au service de la photographie, Françoise Huguier a découvert en 1991 Seydou Keïta et Malick Sidibé, et a contribué à faire connaître leurs oeuvres dans le monde entier.
Philippe Guionie
« Africa America »
De début 2008 à fin 2010, Philippe Guionie a parcouru l’Amérique latine à la recherche d’une population ignorée, les Noirs des pays andins. A travers des portraits d’hommes et de femmes rencontrés sur sa route, le photographe, accompagné par la plume de Christian Caujolle, évoque leurs racines, arrachées à la terre africaine et plantées en terre latino-américaine par l’importation massive d’esclaves à partir du XVIe siècle.
Dans chacun des pays traversés, Bolivie, Colombie, Chili, Venezuela, Pérou et l’Equateur, Philippe Guionie retrouve les traces de leur culture. Il saisit des gens de tous âges, de toutes conditions, qui se figent ou s’expriment face à son appareil.
Pour Christian Caujolle, « ces rencontres, cette découverte d’un univers et d’une culture, le photographe les transcrit sans manière, […] avec la même humanité, dans des portraits en format carré qui laissent la lumière dessiner tendrement les formes, les traits, la peau ».
Titouan Lamazou
« Ténèbres au paradis »
Le dernier travail photographique de Titouan Lamazou, « Ténèbres au paradis », reprend les techniques traditionnelles de collage et intègre dans ses oeuvres des centaines d’images réelles, créant ainsi des mises en scène très grands formats. Avec ses tableaux photographiques, Titouan lamazou unit instant et durée. La série « Ténèbres au paradis » est le résultat du très long séjour de l’artiste dans la région des Grands Lacs. Lamazou séjourne à Kinshasa en l’an 2000 pour dresser le portrait en mouvement de la scène artistique kinoise.
En 2005, il repart dans l’est de la RDC pour son grand projet « Zoé-Zoé, Femmes du Monde ». « Bien qu’elles n’eussent pas grand-chose à envier aux femmes dont je croisais la destinée au cours de cette étape africaine depuis le Darfour, en passant par la Somalie éthiopienne, le Kenya, le Sud-Soudan et l’Ouganda, les Kivutiennes m’impressionnèrent par leur peur et leur grand courage », confie l’artiste. En 2011, Titouan ressent le besoin de retourner le long de la frontière Est du Congo, depuis le Haut-Uélé jusqu’aux rives du lac Tanganyika.
La galerie Polka expose en exclusivité cinq photographies inédites.
Sebastião Salgado
« Africa »
Le grand photographe Sebastião Salgado a sillonné l’Afrique pendant plus de trente ans. Du Mozambique, au sud, jusqu’à la région subsaharienne, certaines de ses photographies sont aujourd’hui des icônes.
Le livre « Africa », paru aux éditions Taschen, est devenu un ouvrage de référence. Les tirages de Sebastião Salgado révèlent plusieurs visages de l’Afrique et rendent compte des effets de la guerre, des maladies et de la pauvreté. La galerie Polka expose trois tirages grand format de ce photographe au long cours.
Marc Riboud
« Dockers d’Accra »
En 1960, Marc Riboud découvre le Ghana. La galerie Polka présente une série, jamais exposée jusqu’aujourd’hui. Devant le port d’Accra, la barre, ses rouleaux et ses tourbillons meurtriers empêchent les grands navires de passer.
Le travail de Marc Riboud témoigne des efforts des hommes, qui, à bord de fragiles pirogues, vont chercher au large les marchandises à décharger. Ces clichés saisissent l’élan, l’énergie et l’harmonie de ces hommes : les dockers d’Accra.
Jürgen Schadeberg
« Mandela »
Années 50, l’Afrique du Sud est en plein apartheid. Jürgen Schadeberg, alors directeur artistique du magazine « Drum », où il anime une équipe multiraciale, parcourt sans relâche les rues de Johannesburg. Il photographie tout ce qu’il voit derrière son objectif, les arrestations, les scènes de vie quotidienne avec un but : témoigner de la condition des Sud-Africains. Il prendra des clichés historiques d’un jeune avocat qui deviendra le premier président noir de l’Afrique du Sud, Nelson Mandela. Il le retrouvera, trente ans plus tard, à sa sortie de la prison de Robben Island.
En quatre tirages, la galerie Polka retrace le parcours hors norme de cet homme extraordinaire.