Combien de souvenirs partent avec lui? C‘est tout une pan de l’histoire photographique qui disparaît. C’est triste, très triste. On doit entendre résonner dans sa poche la monnaie de la machine à café qui à servi parfois à financer le voyage d’un photographe en partance pour le bout du monde.
Je me souviens de Göksin emblématique jury du Grand prix Paris Match, qui n’avait de cesse que de défendre ses troupes envers et contre tout. Jamais il ne lâchait ses photographes, toujours derrière à les pousser pour qu’ils se subliment, à la recherche perpétuelle du Scoop. Tellement grand seigneur, que Göksin applaudissait même les scoops des autres.
En permanence à l’affût, chaque séquence de la vie quotidienne lui laissait imaginer un sujet, sa créativité était sans bornes. Sipa, SON agence ,était une prolongation de lui même, l’actualité était sa vie.
Christine Spengler, Luc Delahaye, Françoise Demulder, Alexandra Boulat, Reza…tous les plus grands ont un jour ou l’autre collaboré avec Goksin. Ils étaient là, à ses cotés parce que c’était lui. Il était également précurseur, quand il envoyait le premier Alexandra Boulat en Bosnie, alors même que personne ne parlait encore de ce pays. Quand il a fait confiance à Olivier Jobard obnubilé par les flux migratoires et qui en est aujourd’hui à son Xième sujet, on peut voir avec quels brillants résultats.
Les rencontres avec Roger Thérond étaient toujours magiques, il y avait un profond respect mutuel entre les deux hommes. Ils parlaient le même langage, celui de deux passionnés par la photographie, l’actualité et les scoops.
Göksin était tellement fédérateur et paternaliste qu’il va laisser de très nombreux orphelins. Toutes mes pensées pour Phyllis.
Guillaume Clavière