A.galerie présente l’œuvre romantique de Ronald Martinez : Nus Divins. L’essai photographique s’inspire des peintures du passé, à partir de la Renaissance, avec une technique d’éclairage très précise.
Le regard que porte Ronald Martinez sur les corps est un témoignage éloquent de l’effet puissant imprimé par le luminisme italien sur les traditions picturales associant le clair-obscur à la transcendance.
Ses œuvres, qui relèvent autant d’un travail de recherche consciencieux que de subtiles intuitions photographiques, illustrent avec grâce les potentialités immenses offertes à celui qui, imprégné presque malgré lui par la lumière si riche en nuance développée par le Caravage, Titien, Véronèse ou Cagnacci, déploie son instinct de photographe pour tailler dans un réalisme profane des scènes délicates et sensuelles où les contrastes de clair- obscur sculptent une nudité gracieuse aux accents divins.
Car si les mises en scène parfois assurément religieuses de ses photographies font rayonner puissamment la dimension sacrée du corps, ce sont toutes les implications et potentialités contemporaines de ce dernier que Ronald invoque lorsqu’il fait courir sa lumière sur les carnations profondes et crues de ses personnages, les plongeant par pans entiers dans une pénombre lunaire qui leur donne alors des dimensions statuaires de colosses à la légèreté proprement picturale.
Ronald évoque, de manière implicite, des postures, des scènes, des attitudes traditionnel- lement associées à la divinité en s’en tenant à un strict et subtil minimum d’indices qui sèment chez le spectateur un sentiment délicat de familiarité mêlé au plaisir de judicieuses et sensibles réinventions.
De son appropriation des effets de flou vermeeriens et de la transparente palette de Ve- lasquez, associée à un rapport véritablement synesthétique au corps, naissent des œuvres d’une grande richesse sensorielle où les chairs peuvent se toucher à travers le ténu rideau d’ombre qui les voile, exhalant une fragrance rose et chaleureuse portée par un chromatisme harmonieux aux cadences douces et enveloppantes.
Le flot de lumière arrêté dans sa course par l’épaisseur des corps sur lesquels il s’échoue demeure incapable de tout en découvrir ; les indices subtils qu’il en laisse parfois ne suf- fisent pas à éliminer tout à fait le doute qu’ils ne soient pas le fruit de l’artifice d’un peintre.
Arthur Lusson
A.Galerie
4 rue Léonce Reynaud
75116 Paris, France
