J’ai découvert David Zimmerman en 2009 à Cannes lors des Sony World Photography Awards. Cette année-là, j’étais membre du jury avec Sarah Moon, Mary-Ellen Mark, Bruce Davidson, Philippe Garner, Jurgen Schadeberg, et quelques autres illustres spécialistes de la photo. Des belles rencontres.
Le grand prix, l’Iris d’Or du meilleur photographe de l’année, fut remis à David Zimmerman pour sa première série sur le désert. Lorsque je le rencontre, David est un Américain comme je les aime, toujours un verre de rouge à la main et une clope au bec. Très détente, comme on dit… Du coup, à Cannes, on s’entend bien.
L’année suivante, sa série sur les déserts sera exposée dans ma galerie parisienne, A.galerie. David, qui habite alors aux environs de Santa Fé au Nouveau Mexique, fait le voyage jusqu’à Paris avec quelques amis pour son vernissage. Il y met du sien, il est généreux dans le travail et nos relations se resserrent. C’est un personnage étonnant. Photographe de publicité très successful à New York durant des années, il décide de lever le pied et de s’installer dans un endroit plus en adéquation avec son caractère : New Mexico. Cet état du sud-ouest, proche de la Californie, est tout de même beaucoup plus cool que la grosse pomme énervée le long de l’Atlantique. Quelques années plus tard, pour approfondir le cool, David Zimmerman s’installera en Inde décidant d’avoir une vie simple, proche des autres et de la nature. Les thèmes récurrents de son travail tournent autour du social, du voyage, de l’écologie : les Bouddhistes en Inde, les combattants du feu dans le Golfe du Mexique, l’Amérique profonde de Trump, la beauté des Déserts massacrés chaque week-end par des Américains décervelés (2 séries de photos et 1 film), la série Last Refuge qui montre ce qu’il reste en dernier à une famille qui n’a plus rien, etc… Humain, drôle et attachant, David Zimmerman est un artiste talentueux mais surtout un être humain comme il est rare d’en rencontrer.
Arnaud Adida
https://a-galerie.fr/fr/?page=1-23/exposition-artistes-contemporain-paris/david-zimmerman
STATEMENT de 2010:
« Nous sommes obligés d’exploiter les ressources de notre planète pour pouvoir subsister. C’est l’énorme paradoxe de l’existence humaine.
Mon travail dans ces paysages naturels, altérés et en danger, tente d’y trouver des réponses.
J’essaye de découvrir l’équilibre entre les besoins de l’homme & les conséquences de l’épuisement persistant des ressources de la planète.
Mon inspiration pour ma 1ère série de déserts m’est venue par la nature même de ces grands espaces, parfois tranquille, parfois féroce.
Mes propres éléments de réponse à ce paradoxe ainsi que mon interaction avec ces environnements ont également nourri cette inspiration.
Au-delà de la beauté extraordinaire et de l’immensité du décor qui se dévoilait à mes yeux, j’ai commencé à en ressentir l’équilibre fragile dû à la présence de l’homme sur ce territoire.
Le désert peut vous hanter. Dans la pénombre, dans la chaleur ou dans l’orage, je ressentais ma propre vulnérabilité.
Ayant vécu l’essentiel de ma vie dans des grandes villes, l’idée de ma présence dans la nature s’était rarement présentée & l’impact de mes actions semblait négligeable, puisque j’étais un homme parmi des millions.
C’est là où la 2ème partie du projet a commencé, avec des questions comme « quel est notre rapport à la nature ? » ou « comment nos actions influencent-elles le monde naturel ? ».
Symbole des dommages infligés au désert, mes images abstraites de traces laissées sur le sable dans la 2ème série & le film qui les documente révèlent une perspective différente.
Autorisé par un sens du droit et de l’immunité, des millions de personnes non-informées considèrent que leurs actions ont peu ou pas d’impact sur ces déserts, et au sens large sur notre planète. »
David Zimmerman
A. galerie
4, rue Léonce Reynaud
75116 Paris / France