Chaque année, la commune de Bièvres invite dans le cadre de la Foire un artiste de renom à exposer. Ainsi, la photographe française Claudine Doury succèdera à Denis Bourges, Olivier Culmann, Isabel Muñoz, Claude et John Batho, Jane Evelyn Atwood.
Claudine Doury présentera des photos issues de ses séries : Sasha et Loulan Beauty
Membre de l’agence VU’‘et représentée par la Galerie In Camera, Claudine Doury vit et travaille à Paris.
Son exploration photographique aborde les notions de mémoire, de transition et de passage, notamment autour de l’adolescence et du voyage, ses thèmes de prédilection. Elle a publié six monographies et réalisé de très nombreuses expositions individuelles et collectives.
En 2017, elle est doublement lauréate, de la Commande Photographique Nationale « La Jeunesse en France » puis, du Prix Marc Ladreit de Lacharrière-Académie des Beaux-arts. En 2004, le Prix Niépce récompense l’ensemble de son travail. En 1999, elle reçoit le prix Leica Oscar Barnack et un World Press Award pour sa série Peuples de Sibérie.
Sasha
Dans Sasha, elle dresse le portrait d’une adolescente. Entre rêve et réalité, elle saisit ce passage complexe du monde de l’enfance à celui de l’adulte avec beaucoup de délicatesse. La nature est omniprésente (la forêt, l’eau, les champs, la neige…). Un monde onirique, étrange et mystérieux, attirant et intrigant à la fois. Comment ne pas se laisser toucher par ces images pleines de poésie.
« Un monde aquatique aussi, comme pour une renaissance dont la pureté se parera de robes blanches pour fêtes de contes de fées d’un autre âge. On pourra marcher sur les eaux, en avoir l’illusion au moins, comme l’on rêvait, plus jeune, de voler. On pourra ressortir de l’eau, en compagnie de la copine, l’amie, le double, coiffées d’algues vertes, devenues le temps d’une baignade des personnages sans identité dans une nature intouchée. Il y aura la tentation d’Ophélie quand l’eau, parfaitement étale, en miroir, laissera apparaître le seul visage et une certaine gravité. Comme souvent, on sentira que tout se passe à l’intérieur, qu’il s’agit d’indicible…»
«…On pourra jouer, à la limite du cauchemar qui guette tous les rêves, s’enterrer à moitié dans le grand champ d’herbe, puis redevenir une autre et s’attarder, sérieuse, à contempler les limaces qui ne font pas vraiment la course. On pourra détenir le renard mais on s’enfuira dans un grand envol de poussière blanche, de bribes de temps.
Puis, un jour, on coupera la tresse blonde et on la conservera comme la photographie conserve dans le miroir l’image du visage. Son visage ? Un autre visage ? Temps de doute. Tout cela n’est possible que parce que la lumière et les couleurs, apaisées, nimbent tout d’un camaïeu savant dans lequel dominent les verts qui côtoient les bruns. Parce que, visiblement, ces images sont acceptées mais que le calme et l’absence d’anecdote, une rigueur tendue et une indiscutable beauté offrent une apparence sensible : celle qui dissimule un bouillonnement et des déchirements intérieurs.
C’est ainsi que rien ne laisse prise à nos voyeurismes et que nous restons là, à la fois fascinés et frustrés, comme on l’est à cet âge de la vie, dans cet intermède excitant et effrayant, et ce que l’on soit celle qui vit la transformation, celle qui la regarde en cherchant à la mettre en forme sans la décrire alors qu’elle en est également actrice ou bien nous, parfaitement extérieurs et qui regardons. Une alliance de mystère, de magie, de temps indescriptible et de beauté parfois vénéneuse installe un monde en suspension.
Nous sommes parfois tentés de nous y perdre mais nous constatons bien vite qu’il nous est impossible d’y pénétrer. Nous avons, sans doute, trop vite oublié que nous avons vécu cela et n’avons su le préserver suffisamment. Une gravité, une tristesse légère, nous envahissent alors. Les feuilles jaunissent un peu au bord de l’étang. Il est trop tard. Le temps a passé.» Christian Caujolle
Loulan Beauty
« C’est l’histoire d’une lente disparition, dans les sables et dans le temps, la fin d’un monde, un voyage dans l’Asie centrale post-soviétique et le xinjiang chinois. J’avais lu Djamila du poète Kirghiz Tchinguiz Aïtmatov, et je rêvais aux kolkhozes perdus dans la steppe et à ses peuples, ouzbeks, kazakhs, kirghiz, karakalpaks…
De 2002 à 2005, j’ai pu me rendre dans la région de l’Aral au Kazakhstan, en Ouzbékistan, au Xinjiang et sur les rives de l’Issyk koul au Kirghizstan.
Loulan beauty témoigne de ces hommes du milieu des mondes, héritiers de royaumes engloutis, des pêcheurs sans mer, des enfants qui dansent pour faire revenir leurs parents partis travailler au loin, de Lola qui rêve d’Amérique, des hommes qui écoutent les sables chanter, et des filles aux mille nattes, les mêmes que celles, retrouvées sur Loulan, leur ancêtre de quatre mille ans. » Claudine Doury
57e Foire Internationale de la Photo : 11 et 12 septembre 2021
Expositions de Claudine Doury
Grange aux fraises – 3, rue de Paris
Maison des Photographes et de l’Image – Rue de la Terrasse
Vendredi 10 septembre de 14h à 18h,
samedi 11 et dimanche 12 septembre de 10h à 18h
http://www.foirephoto-bievre.com