La Triennale 50 Jours pour la photographie à Genève explore à partir de la photographie une problématique socio-politique. Cette année avec « Caméra (Auto) Contrôle »à partir d’une matrice orchestrée par le Centre de la photographie à Genève, il est question de l’invasion dans nos vies des systèmes de surveillance.
Cette effraction permanente sans heurt ni résistance de la part du grand public interpelle quand on sait la faculté d’auto-célébration de tout un chacun devant son smartphone, participant à un vaste plan de marchandage de nos données les plus intimes. Welcome to the « happy self exploitation » selon les propos du philosophe Byong Chul Han, sorte d’avatar de ce qu’avait dénoncé un siècle plus tôt Adolphe Huxley.
La multiplication des sites de recherche ou de partage d’images, la banalisation de la circulation de ces dernières, leur distribution instantanée, vampirisent et affectent les clivages traditionnels de sujet et d’objet, d’identité et d’image de soi, d’actif et de passif, d’intime et de public.
Dès lors y a t-il encore une stratégie d’émancipation possible face à un tel assujettissement ?
Redoutable question que se pose la soixantaine d’artistes réunis au Centre de la photographie, exploitant une mixité de sources et de supports dans une scénographie du flux, borderline et anxiogène.
Le miroir nous est tendu dès l’arrivée avec le « mur » de portraits d’inconnus devant leur écran par Kurt Caviezel. Ces « users » font partie de la vaste archive constituée par l’artiste depuis 15 ans à partir de tous les sites branchés à une webcam.
Puis nous naviguons entre Google Street view (Victoria Binschtok), Linkedin (Aram Bartholl), différents chat-rooms de la toile (Joao Castilho), des outils de reconnaissance faciale (Enrique Fontanilles), le déterminisme sécuritaire (Heather Dewey -Hagborg), des scénarii de contrôle pervers (Guillaume Desanges et Michel François), l’utilisation de drones par l’armée américaine transformant des théâtre d’opération en jeux video (Clément Lambelet) suggérant les effets corollaires d’une telle emprise : dérives érotiques et narcissiques (Ann Hirsch), pulsions scoptiques, cyber dépendance allant jusqu’à une intolérance aigue aux champs électromagnétiques artificiels (Gaëlle Cintré).
Voyez ces « ombres de drôle » dessinées au sol par James Bridle ou l’aigle surplombant les échafaudages truffés de caméras factices de Jimmie Durham. Exploitant les codes de la culture visuelle qu’ils déconstruisent avec jubilation (found fortage, détournement et appropriations) ces artistes nous plongent dans un univers aussi obscur que flippant !
FESTIVAL
50JPG – 50 Jours pour la Photographie à Genève
Thème 2016 : Caméra(Auto)Contrôle
Centre de la photographie Genève
Rue des Bains 28
CH 1205 Genève
Suisse
T +41 22 329 28 35 / F+41 22 320 99 04
M +41764797360
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www.centrephotogeneve.ch
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