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3ème tour, musique d’une campagne

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La Galerie Duboys sait prendre des risques, et elle le fait savoir en organisant l’exposition 3ème tour, musique d’une campagne. En effet, elle a donné carte blanche à 5 artistes pour exprimer leur ressenti sur toute la période de campagne présidentielle qui vient de se clôturer. 2 photographes, 2 artistes plasticiens et un street artiste aux profils bien différents, confrontent leur regard sur notre monde et sur son actualité. Durant plusieurs semaines, les artistes ont travaillé sur un projet gardé secret jusqu’à l’ouverture de l’exposition.
Les dirigeants de ce lieu d’exposition ont fait appel à deux photographes, extérieurs à la galerie, pour des travaux complément inédits : rencontre croisée avec Stéphanie de Rougé et Frédéric Bourret.

Comment vous êtes-vous retrouvés à participer à cette exposition ?
Stéphanie de Rougé : Je vis a New York, et en janvier 2012, j’ai profité d’un voyage à Paris pour revoir quelques amis de la photographie dont Ericka Weidmann que j’avais rencontrée lors de la Bourse du Talent en 2009.  On a « catch up » autour d’un café, et j’en ai profité pour lui présenter 2 ou 3 visuels de mon travail personnel de double exposition sur négatif moyen format – un boulot que je creuse depuis longtemps mais que je ne montre pas souvent, par peur sûrement. Elle a regardé, a semblé apprécier et m’a donné le meilleur conseil de ma vie de photographe: « je crois que ton boulot perso appartient au monde de l’art contemporain plus qu’à celui de la photographie, c’est là qu’il faut que tu ailles toquer aux portes ». C’est comme ça que j’ai atterri à la Galerie Duboys un soir glacial de janvier !
Frédéric Bourret : Tout part toujours dʼune rencontre… et ce fut, en lʼoccurrence, une très belle rencontre ! Jʼai montré mes travaux à Dominique, Nathalie et Thierry, je pensais que le rendez vous allait durer 15 minutes et au final, une discussion en entrainant une autre, nous sommes restés 3 heures à échanger. Dans ce laps de temps, ils mʼont proposé le projet « 3ème tour » et jʼai été séduit immédiatement.

Les travaux que vous présentez sont des œuvres inédites. Comment avez-vous abordé cette carte blanche ?
SR : Comme je le fais toujours quand on me donne une idée sur laquelle broder : je m’en imbibe jusqu’à étouffer, puis je sors shooter…
Là, je me suis plongée dans les discours, meetings politiques et articles de journaux de tout poil, me suis noyée dans les enfantillages honteux, propositions malhonnêtes et autres fausses promesses de ce coté et de l’autre de l’Océan (aux USA on élit aussi notre président cette année). Et peu à peu je me suis prise au jeu… Puis j’ai foncé yeux fermés dehors traduire cette mélasse en image…
FB : Travailler sur un sujet aussi sensible que la politique où chacun à un avis et surtout le défend corps et âmes, est une aventure extraordinaire. Il faut faire passer un message sans parti pris. Le travail dʼun artiste, à mon sens, ne doit pas être engagé politiquement, sinon on bascule dans la propagande et cʼest ce que jʼai voulu éviter. La semaine suivant cette rencontre, mon cerveau fut en ébullition, jʼai cogité, pensé, rêvé à lʼapproche que je pourrais avoir.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur les photographies que vous présentez dans le cadre de « 3ème tour, musique d’une campagne ».
SR : Ces photographies sont des bandes photographiques (des morceaux de négatifs) exposés de multiples fois.
Quand je shoote, c’est toujours le même rituel, je sors avec 3 ou 4 appareils en plastique pendus au cou, tous chargés de négatifs moyen format. Je shoote une image, puis une deuxième, puis une troisième, pas toujours avec le même appareil. Puis j’avance mon film à mon rythme, centimètre par centimètre, uniquement quand je le décide. Et je recommence à shooter. J’imagine des lignes qui s’entremêlent, des formes qui s’emboitent, des ombres et lumières qui se fuient. C’est ainsi que je travaille, en dialogue constant entre la tête et le corps. Je ne vois pas ce que je fais, bien sûr, mais souvent ce que j’imagine en prise de vue apparaît quand je développe la pellicule. J’espère que vous apprécierez le tourbillon!
FB : Je présente une série intitulée ʻJ+1ʼ, composée de 11 tirages, qui tente de capturer le lien fondateur entre les paroles médiatiques et la société. Jʼai choisi 11 Unes de journaux sur des évènements marquants de lʼHistoire. 11 Unes qui ont quelque part bouleversé les si fragiles équilibres de perception. Tous les événements et faits marquants contribuent au fonctionnement dʼun rouleau compresseur médiatique. Dès lors, les médias et le monde réel sʼautoalimentent, se répondent, se confrontent en permanence pour donner naissance à une nouvelle lecture de notre quotidien.

Stéphanie de Rougé : photographe française née en 1976; elle vit et travaille à New-York.
Frédéric Bourret : photographe français, né en 1973, formé à New-York; il vit et travaille à Paris.

3ème tour, musique d’une campagne
Stéphanie de Rougé, Frédéric Bourret (photographes), Raoul Hébréard, Andrey Zouari (artiste plasticien français) et Oakone (street artiste)
du 10 mai au 23 juin 2012
Vernissage samedi 12 mai à partir de 17 heures

Galerie Duboys
6 rue des Coutures Saint-Gervais
75003 Paris
Tel : + 33 (0)1 4274 8505
Mail : [email protected]

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