La 2nd Mostra de Sao Paulo pour la photographie s’est clôturée la semaine dernière. Paul Alessandrini y était, il nous donne son point de vue : “La photo s’expose Vila Madalena le quartier branché de Sao Paulo: 30 expositions, 24 lieux, plus de 30 photographes, un quartier populaire en plein renouveau, Vila Madalena, un thème unique et large (Sao Paulo,) une obligation pour exposer: avoir vécu, vivre ou travailler à Sao Paulo et bien entendu avoir été sélectionné par un jury constitué de professionnels de la photo ( grands photographes, directeurs artistiques etc.). C’est cela la Mostra Sao Paulo de Fotografia, deuxième édition.
Le maître d’œuvre, l’âme de cette Mostra s’appelle Fernando Costa Netto, un ancien du photo-journalisme qui couvrit la guerre en Serbie, la seconde Intifada à Gaza. Directeur et concepteur d’une revue qui fait la part belle à photographie, éditeur, il est aussi devenu depuis un riche bistrotier. Il fut l’un des premiers à croire en la renaissance de la Vila Madalena, le quartier des créateurs, des galeries d’avant-garde, envahi la nuit par la branchitude et les jeunes artistes paulistas. Alors Fernando a visé juste et loin en voulant faire de la Mostra un des plus grands événements photographiques du Brésil avec un objectif : découvrir de nouveaux talents dans une ville qui possède déjà de nombreuses galeries, organise expositions.et autres manifestations autour de la photo.
Muni d’un plan du quartier indiquant les lieux d’exposition et les artistes exposés, on déambule dans les ruelles de Vila Madalena, on pénètre dans des cours, des ateliers, des galeries d’art, des agences, des cafés, des restaurants :chaque lieu participant à la Mostra étant identifié par une affiche Autant de photographes et nécessairement des visions différentes de la ville géante en pleine effervescence.Témoignages photographiques qui englobent le futurisme du Sao Paulo dans les années 1950/ 60 ( vu par Ary Diesendruck), un chaos architectural montré aussi dans le travail de Lata Cannabrava ou encore dans celui de Ale Ermel ( la nuit). Bruno Cals, lui, est fasciné par les piscines et les plongeoirs datant de cette même époque. Tuca Vieira offre les photos souvenirs de Ciné Gemini, une salle mythique qui a fermé définitivement ses portes. La ville encore, avec Arnaldo Pappalardo ou Pietro Ghiurghi.
Dans cette métropole en mutation, il y a les laissés pour compte. Armando Prado a proposé à quelques SDF un avant/ après saisissant. Comment des hommes lavés, coiffés, rasés, habillés retrouvent une dignité. Ou encore cette plongée dans les campements indiens de Na Lata. Ivan Shupiko photographie depuis des années la scène underground. D’où une série de grands portraits, un beau travail en noir et blanc, des principaux acteurs de cette movida à la brésilienne. Très différentes, les photos surréalistes de Felipe Hellmeister délires poétiques saturés. Ou la série de polaroïds d’un collectif arty. Difficile de tout citer de ce bel ensemble, inégal forcément, qui donne la mesure de la créativité photographique à Sao Paulo.”
Fernando Costa Netto, encouragé par le succès du cru 2011, annonce une manifestation de plus grande envergure encore pour la troisième édition de janvier/février 2012.
Paul Alessandrini
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