Pour la quatorzième édition du Prix HSBC pour la Photographie, ce sont les deux photographes Grégoire Alexandre et Matthieu Gafsou qui remportent le Prix. Pour cette année 2009, c’est au tour d’Olivier Saillard, responsable de la programmation des expositions mode au Musée des Arts décoratifs à Paris d’être choisi pour être le conseillier artistique. Aujourd’hui, nous avons interrogé Grégoire Alexandre, le premier photographe de mode français à être récompensé au Prix HSBC, sur cette expérience et sur ce qu’il est devenu ces 6 dernières années.
L’Œil de la Photographie : Le prix HSBC pour la photographie fête ses 20 ans. Il est remis chaque année à deux artistes pour les aider à développer un projet et fait l’objet d’une exposition et d’une monographie, souvent la première. Comment avez-vous vécu cette expérience ?
Grégoire Alexandre : Ce fut une expérience très riche et stimulante. Les expositions, comme la monographie furent l’occasion de beaucoup de rencontres, d’échanges, de recherches et de discussions. Il me reste aussi à l’esprit la présence bienveillante et enthousiaste de Chantal Nedjib, Christine Raoult et l’équipe d’HSBC.
LODLP : Pouvez-vous nous parler du projet qui a été récompensé ? Le prix a-t-il eu une influence sur votre création depuis ?
G. A. : Les images récompensées ne formaient pas une série précise mais étaient plutôt une sélection parmi l’ensemble de mon travail. Je travaille essentiellement dans un cadre appliqué. Je m’attache, dans ce contexte, à développer une approche personnelle, très souvent en studio, mise en scène et assez abstraite.
Le prix n’a pas tant influencé ma création que la perception de mon travail hors du champ de diffusion habituel, vers un public plus vaste, au delà de son champ d’application vers des institutions, écoles et d’autres lieux d’expositions.
LODLP : Outre la publication d’une première monographie, quel impact le prix a-t-il eu sur votre carrière ? Aujourd’hui encore quels sont vos rapports avec HSBC ?
G. A. : Le prix n’a pas, à proprement parlé, eu d’impact sur ma carrière professionnelle qui est toujours dans un champ appliqué, mais il a amplifié sa visibilité.
Je continue de suivre avec beaucoup de plaisir et d’intérêt les nouveaux lauréats d’HSBC chaque année.
« Grégoire Alexandre a réalisé des études à l’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie à Arles et a participé au Festival des jeunes créateurs de Hyères où il fut révélé à un plus grand public. Très récemment il était sélectionné par le couturier Christian Lacroix au sein de la programmation qu’il signa dans le cadre des Rencontres d’Arles. A l’instar de Paolo Roversi, Tim Walker ou Peter Lindbergh, notamment, le travail de Grégoire Alexandre a été réuni et présenté sous la forme d’une exposition monographique.
La simplicité des moyens utilisés comme celle des formes qui résultent de ses photographies aux tonalités essentielles et ordonnées ont imposé Grégoire Alexandre au monde de la mode. L’apparence des êtres ou des choses n’est pas trompeuse chez lui, mais elle ne se transforme pas non plus en cruauté. Tout à l’inverse elle devient un fard doux pour la peau ou les angles qu’elle apaise. Avec discrétion et sans fracas, ses compositions fragiles qui ne tiennent souvent qu’à un fil, au sens propre comme au sens figuré, ont inscrit une écriture sensible qui tranche alors avec le vocabulaire photographique de mode des années 90.
Des natures mortes de vêtements effeuillés comme les pages d’un livre, des mannequins ensevelis sous le rose d’un cyclo, des lacets de couleurs noués aux branches d’un arbre, chacune des photographies de Grégoire Alexandre distille les sentiments poétiques d’une décennie qui, à trop vouloir les chercher, les ignore parfois. »
Olivier Saillard – Conseiller artistique 2009
LIVRE
Monographie Grégoire Alexandre
Editions Actes Sud
ISBN 978-2-7427-8580-3
25€