C’est une fois de plus sous les premières neiges timides qu’a débuté la septième édition du Zoom Photo Festival Saguenay à Chicoutimi au Québec. Maintenant devenu un évènement affirmé dans le milieu du photojournalisme, le festival surprend chaque année, toujours à la recherche de nouvelles collaborations, expositions, débats et autres initiatives ayant pour but de faire avancer le métier. Encore une fois variée et généreuse, la programmation compte plus d’une quinzaine d’exposants locaux et internationaux, un panel hétéroclite réunissant pour cette édition des sujets comme les morgues mexicaines du photographe belge Sébastien Van Malleghem, la chasse au phoque du point de vue du photographe québécois Yoanis Menge, ou l’Autre Colombie de la Française Nadège Mazars, dont le travail est pour la première fois exposé. Aussi, pour ne citer qu’eux, le photographe somalien Mohamed Abdiwahab documente les violences quotidiennes dans son pays, Hervé Lequeux et Élodie Chrisment amènent chacun deux réalités françaises et Hubert Hayaud expose une sujet insolite sur la deuxième vie des autobus américains qui transitent vers l’Amérique du sud.
Cette année, une mini-résidence a été inaugurée par le photographe invité Balint Porneczi qui en a profité pour déambuler dans les rues de la petite bourgade et saisir des portraits de locaux avec son iPhone, qu’il ajoute à son corpus « Figuràk » présenté à la Pulperie.
Outre les expositions, le festival laisse une place importante aux interventions et tables rondes pertinentes, toujours dans l’optique de questionner la profession avec ses doutes et ses transformations. Des acteurs majeurs de l’édition telle Emanuela Ascoli du National Geographic France ou Camille Simon du magazine l’Obs, ainsi que des éditeurs canadiens comme Moe Doiron du journal Globe and Mail étaient présents pour animer ses débats. Ici, les rencontres se font sans cohue, au rythme des villes de région et les professionnels prennent le temps de l’échange. Les différences culturelles, de lignes éditoriales et de supports médiatiques amènent le photographe à savoir mieux aiguiser son portfolio lors des nombreuses lectures proposées dans les festivals et lui permettent de connaître les attentes de chaque éditeur.
Les conseils sont bons à prendre tant pour les plus jeunes qui souhaitent se frayer un chemin dans le métier, que pour les anciens qui se familiarisent avec les nouveaux besoins des diffuseurs. Car on le répète continuellement, le photojournalisme, bien que conservant sa grande règle d’or d’éthique, est perpétuellement en mouvance dans la forme et qui ne s’adapte pas un minimum ou n’est pas attentif à ces changements peu rapidement être dépassé. À l’heure où démarche d’auteur et vision photojournalistique se mêlent, où les plateformes papier et web se confondent, et où de nouveaux outils naissent, l’ouverture d’esprit est de mise pour jongler au milieu de ces nombreuses possibilités qui (re)définissent le photojournalisme. Ainsi c’est terminé la semaine professionnelle qui se déroulait du 2 au 5 novembre dernier. Le festival invite désormais le public à visiter les expositions jusqu’au 27 novembre prochain.
Sophie Bertrand
Zoom Photo Festival Saguenay 2016
Jusqu’au 27 novembre 2016
Chicoutimi, Québec