« Nous ne sommes pas sûrs que Passion plaira à nos familles, mais nous leur dédions ce premier numéro». C’est sur ces mots, à l’abri derrière une couverture blanche ficelée à la quatrième, que s’ouvre le premier numéro de Passion, limité à 300 exemplaires numérotés. En soi, une telle déclaration est intéressante ; comme on montait hier un groupe de rock dans la cave parentale, on lance aujourd’hui un fanzine d’images.
Vingtenaires, Foucauld Duchange Gildas Durel et Grégoire Dyer ont fait de cette publication un réceptacle ; auprès d’une douzaine de photographes, ils cueillent les fruits de la passion, des images générées dans le flux d’énergies créatrices mais refusées ailleurs ou abandonnées pour diverses raisons.
Exemple le plus flagrant, la série Retarded de Jules Jolly : l’histoire d’une application Iphone proposée à l’Apple Store, qui superposait aux photographies prises par les utlisateurs le logo Retarded avant de les publier sur le blog du projet. Jugeant le contenu de l’application offensant, Apple l’interdit. Les premières images générées se trouvent du même coup sans domicile ; les voilà sauvées de justesse et publiées dans Passion.
Dans ce petit format (A5) d’une cinquantaine de pages, on trouve aussi une série inédite de Lucie & Simon parmi les élèves de l’école primaire Parc Bellevue à Marseille, les images à la sauvette d’Aurélien Bacquet, les nus glaçants et agités d’Arnaud Lajeunie et enfin, la série Grimper de Dylan Calves ; nu au beau milieu de décors de forêt, posé à cinq mètres d’altitude sur un arbre tombé ou escaladant une pyramide de pierre, un croisement sauvage entre le Baron Perché et Vendredi disparait dans des noirs et blancs grandioses, à la texture de charbon.
Passion sort son deuxième numéro prochainement. Il promet d’accueillir, comme son aîné, les images rares de la passion.
Antoine Soubrier
Passion
5 euros.