Le hasard veut que la même journée de février 2015 nous ait fait découvrir deux publications dont l’aspect extérieur avait quelque chose de similaire ; deux imposants blocs de format A4 (près de 300 pages), dont la couverture en tissu couleur tabac encadrait une photo en noir et blanc. Ce qu’on devinait être le titre de la publication était inscrit en haut sur les deux volumes, et sur les deux volumes, ce que l’on devinait être le titre du l’exemplaire en question était écrit en bas, sous la photo en noir et blanc.
Pourtant, les deux publications n’avaient rien à voir ; car si la première — dont on a oublié le nom — n’affichait ni cohérence, ni point de vue, ni ambition esthétique, et rappelait que se déverse chaque jour une grande quantité de nouvelles revues prétentieuses dont le projet jamais n’apparaît, la seconde était le magnifique deuxième volume de Mémoire universelle. Lancée en 2012 avec un premier volume consacré à l’amour, cette “encyclopédie subjective” est dirigée par le fashion editor Benoit Béthume, Béatrice Gross et Anne Desquins, qui réunissent à chaque numéro une variété de contributeurs (pour le numéro 2, rien de moins que Vivianne Sassen, Ulrich Seidl, Charlotte Rampling, Estelle Hanania..) sur un thème donné, ici, “Manimalisme”, soit la relation entre les hommes et les animaux.
Il se trouve que le sujet nous fascine. Il a été prouvé que l’être humain de 2015 garde, enfouie dans une mémoire sensorielle héritée des âges les plus reculés de l’humanité qui les mettaient constamment aux prises avec des animaux, la faculté de distinguer une présence animale dans son champ visuel, olfactif et auditif, bien plus précisément et rapidement que n’importe quel autre éléments de la vie contemporaine. En cela Mémoire universelle s’attaque à un sujet fondamental, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il le fait brillamment. La qualité des interventions à tonalité scientifique (Si les lions pouvaient parler, n’est-ce pas…), ce mélange de rigueur et d’appréciation esthétique au dosage subtil, ces plumes légères mais jamais gratuitement futiles, ces images sensées (sur des sujets aussi singuliers qu’un jeune homme qui se prend pour une sirène et se construit donc de magnifiques… queues de sirène), font de la revue une de nos plus belles découvertes.
On n’a même pas envie d’en dire trop, mais d’encourager le lecteur en quête d’inspiration et de ces si rares frissons de contentement à se procurer Mémoire universelle au plus vite.
Plus d’informations :
www.memoire-universelle.com
www.huntingandcollecting.com
45 €
