Intéressons nous, comme on le fait trop rarement dans ces colonnes, à la production d’une maison française, les renommées éditions Filigranes, par le biais d’une de leur dernières parutions : Geum Urbanum, de Geoffroy Mathieu.
Le livre, légèrement plus grand qu’un A4 à l’italienne, explore Tanger, Marseille et Edimbourg sous l’angle de leur rapport à la nature, et tire son nom de l’appellation latine de la Benoîte des villes, plante européenne très commune dans les décombres, les haies et en bordure de bois. Sur les traces d’Italo Calvino qui pistait les saisons en ville, Mathieu observe ce qu’il reste, en ville, de la nature qui leur a donné naissance. Au cœur d’une mégapole du XXIe siècle, on en viendrait presque à considérer les trace de verdure et les lits d’eau comme des aménagements commandés par les municipalités. Geoffroy Mathieu travaille donc à rebours et remonte les fils.
Les récentes élections municipales ont à leur manière reposé la question de la nature d’une ville. La friche, le semi-construit, la ruine, irrégularités qui sont autant d’anomalies de l’urbain, rappellent en creux l’espace et le temps, le moment où la vision utilitaire du bâti s’émousse contre la pierre et dans le sable, quand les bouts d’immeubles redeviennent des morceaux de montagne. Derrière sa belle couverture verte, une trentaine de photographies de villes, une belle harmonie et un regard frais sur le sujet.
Plus d’informations : http://filigranes.com/main.php?act=livres&s=fiche&id=482
2013, 56 pages, 20 €