Voilà une série dont on a souvent vu le nom et les couvertures revenir sans avoir le temps, jusqu’à récemment, de s’y plonger.
Dans Detritus, un papier journal de 16 pages limité à 100 exemplaires dont le cinquième numéro vient de voir le jour (le premier datant de 2012), l’artiste irlandais David O’Mara explore son propre rapport au détritus, au rejeté et à l’abandonné.
Tour à tour tirages et négatifs retrouvés, errance dans les quartiers en perdition de l’agglomération londonienne (Heygate Estate), feuilles A4 et textes récupérés en pleine rue, les pépites collectées par O’Mara viennent composer les albums Detritus.
O’Mara fait preuve d’un sens graphique évident, qui pourrait ne faire de Detritus qu’une incursion de plus de l’auto-édition dans la photographie vernaculaire. On se laisse happer par les ellipses de ses visages noyés dans de l’huile de moteur et du message mystérieux des pages A4 retrouvée.
Mais en creux, O’Mara (lui-même peintre et décorateur) pose avec son magazine la question d’un monde jetable ; quand il traverse les ensembles urbains délaissés et en ressort des images, il semble que même la photographie n’ait de prise sur ces morceaux de vie à la déliquescence programmée. Et on vient finalement à vouloir pour ces visages et ces murs, qui paraissent l’appeler de leurs voeux, un retour à l’oubli, et au calme.
LIVRE
Detritus
16 pages, 35 x 28,9 cm,
100 exemplaires signés et numérotés
Plus d’informations : http://www.davidomara.com/#/detritus-shop
Environ 10 €
