Créée en 2007 entre New York et Paris, la maison d’édition Je Suis une Bande de Jeunes, spécialisée dans l’édition très limitée de photographes contemporains, vient d’opérer une mue ; elle sera désormais connue sous le nom d’Etudes Books. L’occasion de s’intéresser à leur deuxième ouvrage sous ce nom, dont les 300 exemplaires de la première copie sont publiées en septembre : Car Crash Studies, de Nicolai Howalt.
Le photographe danois se concentre sur les carcasses de voitures accidentées ; focalisé sur des textures de taule froissée devenue mixture abstraite, des débris coupants autrefois carapace, il montre aussi des béances, des trous dans les toits et les murs. On aperçoit des traces de sang sur un volant, une chaussure, un paquet de cigarette dans un habitacle compressé.
Sans ne montrer aucun corps et avec une sécheresse typiquement scandinave, les images d’Howalt fascinent comme les scènes de sang d’un Weegee ou d’un Metinides. Plongée dans l’obscurité, éclairée au flash, la voiture et son décorum de petit confort se font arme du crime et scène de drame ; devenus inutiles mais encore intacts, les petits boutons rieurs du tableau de bord et les porte-canettes semblent s’excuser de ne pas avoir été d’une plus grande aide, et comme cet airbag à moitié gonflé, d’avoir trop hésité. Au-delà du choc et de l’idée de vies brisées demeure donc l’impression dérangeante d’un visage démoli qui continuerait à sourire.
Photographie : Nicolai Howalt – Texte : Torben Sangild