Avaunt, mot anglais dont l’origine est à trouver dans le français « En Avant ! », se consacre à « l’aventure, au sens large ». Dans les domaines de l’innovation, de l’exploration, du sport, des arts, aussi bien sur terre, sous l’eau et dans l’espace, la revue fait le portrait et le récit d’entreprises risquées, de défis, de paris, de luttes et de combats.
Magnifique, la revue de plus de 200 pages frappe d’abord par la richesse de ses illustrations et la beauté de sa maquette. Parfaitement claire et lisible, elle fait intervenir de magnifiques photos parmi les auteurs desquelles figurent Edward Burtynsky, David Chancellor, Simon Norfolk, Irving Penn, entre autres, et leur accorde une place et une qualité de reproduction exceptionnelles. Les auteurs des articles comptent quant à eux Will Self, Ian Sinclair, Geoff Dyer, entre autres.
Bref, une simple prise en main d’Avaunt confirme la richesse de la revue. De la traque vengeresse d’un ancien pirate à travers le Nord des Etats-Unis à l’orée du XVIIIème siècle (histoire vraie qui vient de donner naissance au film The Revenant), à la rencontre sidérante, dans le bleu foncé de l’Océan, entre un plongeur et des cachalots géants qui à travers l’émission de cliquetis sonores, semblent communiquer d’une manière plus subtile et complexe que l’espèce humaine, en passant par un portfolio « depuis la Station Spatiale Internationale » de l’astronaute Terry Virts et l’analyse de progrès techniques dans différents domaines, Avaunt donne un énorme coup de fouet aux revues existantes de voyage et de nature, auréolant chacun de ses contenus d’un voile de mystère et d’exclusivité – ce qui tient à la fois au style très soigné de l’écriture et à une iconographie très riche. L’élitisme des revues de tourisme se base souvent sur une sélection par l’argent, par l’inaccessibilité des destinations qu’elles présentent au commun des mortels. Rien de comparable dans Avaunt : le voyage et la découverte sont ouverts à tous et l’enthousiasme est le seul ticket d’entrée.
Faisant sien l’adage qui veut que le passé soit un pays étranger, la revue l’explore ainsi que l’avenir, l’espace et les abysses avec la même jubilation partagée. Suprême qualité, la revue dose parfaitement la longueur de ses articles ; adaptés à une lecture rapide en début de magazine, ils sont généralement limités à une page ou une double page, illustrations comprises. Les articles au long cours, regroupés à la fin du numéro, s’étendent eux sur une huitaine de pages, (grandes) illustrations incluses. Se dégage le sentiment que les auteurs d’Avaunt ne conçoivent pas de partager des contenus de qualité sans amener le support au même niveau, et qu’ils ont su travailler sur un sentiment très primitif d’étonnement et de découverte comme moteur de leur magazine tout en documentant leurs articles jusqu’à un haut niveau d’expertise. Aucun élément dispensable ou gonflé par du vent ; tout en restant un « généraliste de l’aventure », plus spectaculaire que contemplatif, Avaunt suscite un enthousiasme rare et se parcourt avec l’envie de suivre de nombreuses pistes. Seul bémol, s’il fallait absolument en dénicher un, la difficulté à percevoir à travers ces innombrables contributions le sentiment d’une équipe, qui fait souvent la colonne vertébrale des meilleures publications ; mais on imagine et on espère qu’il émergera avec le temps.
Une des plus belles revues observées depuis longtemps, à qui on souhaite une longue vie et un franc succès.
Plus d’informations :
227 pages.
£10 – https://avauntmagazine.com/