Zaida Kersten est de nationalité espagnole, sa mère mexicaine, son père allemand. Elle a grandi à Barcelone qu’elle quitte en 2000 avec une Licence de journalisme de la UAB et une année Erasmus à Paris. Elle y retourne et fait un stage au magazine Le Point, puis un autre au service infographie de l’AFP, qui ensuite l’engage comme rédactrice. Elle enchaîne les CDD pendant une douzaine d’années, en alternance avec des périodes OFF où elle explore sans détour le medium de la photographie.
A mi parcours, elle entre en formation au Centre Iris à Paris, en techniques traditionnelles de la photographie argentique et secrets laboratoires de tirage. La formation dure un an (de octobre à juin), fournit 1 200 heures, 36 semaines de 35 heures de formation et coûte 14 490€ aujourd’hui, 11 700€ à son époque (2005). Le système de formation professionnelle français, l’AFDAS et le Fongecif par le biais du CIF (Congrès Individuel de Formation), interviennent dans le financement jusqu’à 95%. Zaida a reçu une aide équivalente à 50%.
Depuis 2007, elle a présenté 8 expositions individuelles entre Paris, Barcelone et Porto dans les galeries Bluebook, Centre Iris, Le Divan à Paris ; Adorna Coraçoes à Porto. A Barcelone, son oeuvre a été présentée aux centres civiques Cotxeres Borrell, Can Deu, Centro Cultural Valentina.
Elle continue sa formation en photographie argentique avec un goût particulier pour les alchimies odorantes de laboratoire. Notamment au Mexique, au Taller Panóptico de Mexico DF ou au Centro Fotográfico Manuel Alvarez Bravo (CFMAB) à Oaxaca.
Son travail est actuellement représenté par Olivier Bourgoin, Agence Révélateur à Paris. Elle voyage dans la photographie et dans le cosmos, je la laisse raconter « My White Desert », en 2012 à la Galerie Adorna Coraçoes de Porto et à la Galerie Centre Iris de Paris.
« A la manière d’un journal intime, cette série photographique montre mon voyage sur l’île de Lenje, sur le lac Inari en Finlande, dans la province et région de Laponie.
Hiver 2011. Ma vie réclame solitude et isolement. Je décide de me réfugier dans une cabane en bois sans eau courante ni électricité, au milieu du désert blanc de la Laponie Finlandaise, à 300km au nord du cercle polaire arctique.
Les températures oscillent entre -15°C et -25°C. Les journées sont courtes mais chaque heure est interminable. La nature que je découvre à Lenje perturbe par sa beauté et m’inspire un grand respect. Le froid et le silence alentour sont implacables. La lumière blanche et infinie aveuglante. J’ai très peur. Je savais que ce voyage serait extrême, mais jamais je n’avais imaginé que le plus dur serait la confrontation avec moi-même, faire face à mes fantômes intérieurs qui commencent à sortir et à me guetter. Pas d’échappatoire. Je ne peux rien faire d’autre que « face ». Le combat est interminable et ouvre beaucoup de cicatrices. Je me sens seule et désemparée. Le silence m’oppresse de plus en plus jusqu’à la folie. Pleure jusqu’à l’épuisement, veux hurler mais alors, je n’ai plus de voix. Le silence m’a dévorée et je ne m’entends plus. C’est une sorte de libération. Je sens que je fais corps avec le désert blanc et je m’abandonne à la sérénité complète, infinie. J’ai accepté que je suis présente. Je suis calme, je suis silence. »
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« A modo de diario íntimo, esta serie fotográfica muestra mi viaje personal en la isla de Lenje, situada en el lago Inari de Finlandia.
Invierno de 2011. En un momento de mi vida en el que siento la necesidad de estar sola y alejada de todo decido refugiarme en una cabaña de madera sin agua corriente ni electricidad en medio del desierto blanco de la Laponia Finlandesa, a 300 km al norte del círculo polar ártico.
Las temperaturas oscilan entre los -15ºC y -25ºC. Los días son cortos pero cada hora se hace interminable. La naturaleza que descubro en Lenje es de una belleza perturbadora y me infunde un gran respeto. El frío y el silencio que me rodean son implacables. La luz blanca e infinita es cegadora. Tengo mucho miedo. Sabía que éste sería un viaje extremo, pero nunca pensé que lo más duro iba a ser confrontarme a mí misma y enfrentarme a todos mis fantasmas interiores que de pronto empiezan a salir para asediarme. Aquí no tengo escapatoria. El combate es interminable y abre muchas heridas. Me siento terriblemente sola y desamparada. El silencio me oprime cada vez más y más hasta enloquecerme. Lloro hasta el agotamiento y quiero gritar, pero de pronto ya no tengo voz. El silencio me ha devorado y ya no me oigo. Es como una liberación. De repente siento que formo parte del desierto blanco y entro en un estado de serenidad completo, total e infinito. Finalmente sólo acepto y sólo soy presente… soy calma, soy silencio…
– Zaida Kersten
Lola Fabry