A travers les fissures en nous la lumière pénètre.
Des ténèbres jaillis la lumière.
Les barricades de Maïdan constituaient pour la Russie le péché d’un rapprochement vers l’occident, la volonté d’un peuple d’affirmer sa souveraineté et son indépendance. Pour un état obscur et autoritaire ce vœux d’ouverture et de lumière devait être annihilé.
Depuis février 2022 l’Ukraine fait face à une guerre dévastatrice sur l’ensemble de son territoire.
Les bâtiments détruits sont légion, ils parsèment le paysage rappelant que le chaos existe, que la vie a abandonné ces lieux dévastés, ces constructions déchirées par les obus. Scènes de ruines, de murs éventrés, de toits effondrés, de meubles éparpillés sur le sol, de vies elles aussi fracturées.
La destruction nous fascine tous, tout comme la mort. Elle nous terrorise aussi nous renvoyant à notre propre fin tel un memento mori.
Si la destruction me fascine, ce n’est pas par son coté morbide, elle n’est pas réellement anxiogène à mes yeux ; elle me rappelle au contraire que la vie habitait ces lieux auparavant, elle m’évoque une certaine mélancolie, réminiscence de ce qu’était la vie avant dans ces lieux, certes de ce qui fût et ne sera probablement plus, mais aussi de ce qui sera. De l’espoir du renouveau.
Des familles, des personnes habitaient ou fréquentaient ces bâtiments. Lieux de vie, de travail ou de loisir. Ces bâtiments sont habités d’histoires, celles des évènements qui s’y sont déroulés.
« A travers les fissures en nous la lumière pénètre » sonne comme un message d’espoir et de vie.
Le symbole que du sein d’une abîme la lumière peut jaillir, que les ténèbres ne peuvent anéantir l’espoir, que la mort ne peut contenir l’étincelle de la vie.
Ces ruines nous évoquent notre propre vulnérabilité, elles nous renvoient à nos propres vies, si fragiles elles aussi, à nos propres drames ; elles nous rappellent que nous ne sommes pas permanents, pour autant la lumière nous remémore que face à notre propre disparition la vie continue et s’impose quoiqu’il arrive.
La lumière pénètre, trouve son propre chemin, inexorablement tout comme la vie le fait depuis des millénaires.
Ces édifices, à l’image du peuple ukrainien, de ces femmes et de ces hommes, sont abimés, brisés, mais restent debout, fissurés mais pas effondrés. Ils symbolisent la résilience du peuple ukrainien et l’espoir qui habite une nation entière.
Il ne s’agit donc pas ici de célébrer la destruction mais bien au contraire le renouveau et les jours meilleurs.
La vie plus forte que la destruction. L’espoir plus fort que le désespoir. La lumière plus forte que les ténèbres.