En japonais, l’étymologie du mot photographie – shashin – renvoie à la notion de « copier la réalité » tandis qu’en français les racines grecques du même mot signifient « peindre avec lumière ». Le travail de la photographe Yuki Onodera se trouve à mi-chemin entre ces deux conceptions. Ainsi cherche-t-elle à capturer la réalité tout en éclairant l’irréalité du XXIe siècle. Elle considère alors la photographie non pas comme une simple image mais comme un objet plastique, une œuvre de création. Cette création implique tout à la fois une phase de conception et de composition et une phase d’exécution, qui, tout en étant parfaitement maîtrisée, laisse une place à l’imprévisibilité de l’environnement immédiat, se rapprochant ainsi des impromptus musicaux rendus célèbres par Schubert, Chopin ou Liszt.
De fait, Yuki Onodera recherche et assume une part d’imprévisibilité dans ses travaux, à travers les nombreuses expériences qu’elle introduit dans le processus de création. « Chaque photographie est le résultat de déformations et de petits décalages volontaires qui s’insèrent dans le circuit de l’information » écrit l’auteure Evence Verdier en 2004. Les créations de Yuki Onodera sont le fruit de minutieuses manipulations techniques, au moment des prises de vue ou dans la chambre noire – elle réalise elle-même tous ses tirages – où elle n’hésite pas à inventer de nouveaux procédés. Son univers insolite redéfinit les limites du connu à l’aide de juxtapositions de montages, collages, matières, jeux de lumière et de couleurs. L’ensemble finit par transformer le réel en un univers visuel obéissant aux règles de l’imaginaire et de la poésie. Dans son exposition intitulée Impromptus à voir actuellement à la galerie Pierre-Yves Caër à Paris, Yuki Onodera présente huit séries de photographies.
Yuki Onodera, Impromptus
Du 13 octobre au 25 novembre 2017
Galerie Pierre-Yves Caër
7, rue Notre-Dame de Nazareth
75003 Paris
France
http://www.pierreyvescaer.com/