Depuis 2011, le photographe allemand Yoram Roth se focalise sur le nu artistique. Rassemblées sous le titre de Nudes in Steel, quatre séries illustrent des corps masculins et féminins, avec des tirages imprimés sur divers supports, papiers et acrylique. L’artiste rogne les images, encadre d’acier divers éléments et crée une version presque stratifiée de la même photographie. L’observateur peut ainsi étudier séparément différentes parties de la composition. Cette démarche marque un rapprochement de plus en plus manifeste avec la sculpture.
Avec l’exposition berlinoise Spatial Concepts, Yoram Roth investit un nouveau territoire – tout en confirmant sa vision et son approche du nu, il met l’accent sur des compositions d’une sophistiquées. Jusque-là dans ses œuvres, la lumière jouait avec les corps au moment de la prise. Désormais, l’artiste veut aller au-delà et étendre la portée de la lumière. Les travaux de Lucio Fontana, Agostino Bonalumi et Enrico Castellani, avant-gardistes italiens des années 1960 souvent surnommés les « Spatialistes », deviennent pour lui source d’inspiration : Yoram Roth se met alors à fusionner photographie, sculpture et technologie moderne. Ancrée dans ses œuvres précédentes, la série Spatial Concepts émerge de son cheminement, tandis qu’il explore l’évolution des surfaces lorsque la lumière rebondit sur crêtes et ouvertures, et qu’il travaille à la création d’espaces dépassant le simple tableau platement accroché au mur.
« J’ai tenté d’associer tous ces éléments dans ma série Spatial Concepts, dit-il. La photographie de nu s’intègre aux formes artistiques les plus anciennes du monde, des Vénus préhistoriques aux peintures rupestres indiennes, qui dépeignent nos corps dans leurs états les plus vulnérables, et expriment des idéaux de beauté accompagnés d’autres qualités humaines. Cette série rend hommage aux Spatialistes italiens, qui voyaient la lumière sous sa forme la plus brute. Leurs créations changeaient au cours de la journée, au fur et à mesure que le soleil se déplaçait sur leurs toiles manipulées, parfois sinueuses, érotiques ou même violentes. La technologie la plus moderne me permettrait de réaliser une infinité d’exemplaires de la même œuvre, mais j’ai fait le choix artistique de n’en produire qu’une seule. Il est essentiel pour moi que cette forme d’art soit considérée comme unique, au même titre qu’un tableau, quand bien même le procédé diffère. »
Yoram Roth : Spatial Concepts
28 avril – 9 juin 2018
CWC Gallery
Auguststrasse 11 – 13
10117 Berlin
Allemagne
