L’identité photographique d’une ville ou d’un pays n’est jamais anodine. Si Paris, Londres, New York, la France, les États-Unis et bien d’autres bénéficient, de ce point de vue, d’un traitement privilégié, la Belgique a rarement fait l’objet de créations d’auteur, à l’exception peut-être de Bruxelles. La Belgique, l’air de rien, copieux livre imaginé par le photographe français Bernard Plossu, avec la diversité de ses images et leur cohérence stylistique, parcourt Bruxelles, Liège, Charleroi, Anvers, la mer du Nord, les régions agricoles.
Ce sont des images cinématographiques, travellings suggérés par les câbles des caténaires, les rails de trams luisants. Ce sont des compositions architecturales, involontaires (le métro de Charleroi) ou parfaitement maîtrisées (la gare des Guillemins à Liège). Ce sont des vues à travers la vitre d’un train, d’une voiture. C’est la lumière, entre chien et loup, quand l’encore pâle lueur des phares se démultiplie sur les chaussées rendues glissantes par la pluie. La Belgique de Plossu est conforme à celle des Belges : ensoleillée et pluvieuse, parfois au même moment.
Entre les lignes se dessine une histoire de la Belgique industrielle, culturelle, urbaine et sociale, économique et institutionnelle.
Les images en noir et blanc peuvent dégager de la nostalgie ; les tirages en couleurs du procédé Fresson sont plus chaleureux. Chacune raconte une bribe d’un récit qui se construit au fur et à mesure des pages, quand les vues entrent en résonance : c’est bien d’un livre qu’il s’agit, portrait d’un pays moins improbable qu’il n’y paraît.
Bernard Plossu est né en 1945 au Vietnam. Il commence à photographier à l’âge de 13 ans au Sahara. À 20 ans, il est au Mexique ; il ne cessera dès lors de voyager et d’enrichir une œuvre photographique célébrée en 1988 par une exposition au Centre Pompidou et le Grand Prix national de photographie, et en 2007 par une rétrospective au musée d’Art moderne de Strasbourg. Aux éditions Yellow Now, il a publié : Train de Lumière (2000) ; So Long (2007) ; La frontera (2007) ; Plossu Cinéma (2010) ; … Des millions d’années… La réserve géologique de Haute-Provence (2010) ; L’Inverse est exactement vrai. à Digne (2010) ; Le Pays des petites routes. En Ardèche (2011) ; The Raw Edge. Vière et les Moyennes Montagnes (avec Richard Nonas, 2012) ; 8 / Super 8 (2012), La Rencontre (2020), ainsi que, dans la collection « Les carnets » : Les Mots de l’image ; 2 CV. Un air de liberté ; Periferia. Échos du néo-réalisme ; Revoir Magritte ; À boire et à manger ; Lire/écrire.
Historien de formation, critique d’art et commissaire d’expositions, Bernard Marcelis vit et travaille à Bruxelles. Il collabore régulièrement à Art press, à The Art Newspaper France, ainsi qu’à L’Art même.
Il a été le conseiller artistique du Prix HSBC pour la photographie en 2010 et a fait partie de la Commission d’achat Photographie du Centre national des arts plastiques (CNAP) à Paris, de 2010 à 2012. Il a été membre de la Commission consultative des arts plastiques (CCAP) à la Fédération Wallonie-Bruxelles de 2007 à 2020 et son président de 2016 à 2020.
Il est l’auteur de monographies sur André Cadere (dont il a établi le catalogue raisonné), Bernar Venet, Dominique Gauthier, Jan Fabre, Johan Muyle, Noémie Goudal, Pascal Pinaud, Gérard Garouste, entre autres, ainsi que du texte introductif Singulière Belgique pour l’exposition éponyme de la galerie Templon à Paris (2015).
Il a organisé plusieurs expositions monographiques consacrées à André Cadere (New York, Paris, Munich, Hambourg, Baden-Baden, Maastricht) et celles de Gérard Garouste (Mons, BAM, 2017) et Bernar Venet (Bastogne, L’Orangerie, 2017). Il fut le co-commissaire du festival France KunstArt.be monté en Belgique en 2008.
Bernard Plossu : La Belgique, l’air de rien
Texte de Bernard Marcelis (français/néerlandais)
304 pages /// Format 21 x 16,5 cm
Ill. n & b et couleurs Fresson /// Couverture souple à rabats
Collection : Côté photo
ISBN 9782873404789 /// 40 €
Editions Yellow Now
15, rue François Gilon
4367 Crisnée, Belgique.