Yannig Willmann vit et travaille à Paris. Il commence par des études de cinéma à l’Institut International de l’Image et du Son à Paris, puis d’art plastique aux Beaux Arts de Rennes, et au California College of the Arts, Oakland, Californie, ensuite rejoint de 2003 à 2006 le Studio National des Arts Contemporains du Fresnoy.
Sa démarche est issu d’un questionnement sur les réalités « projectives » dans le champs de l’art, sur l’espace de représentation, celui de la chambre esthétique, celui de la galerie, du White Cube comme la métaphoriquement décrit Brian O’Doherty.
La réalisation de ces oeuvres exploite la synthèse virtuelle dans des mises en scène photo réaliste. Ainsi nous voyons des photographies dans ses oeuvres qui sont des « photographies » par leur support de présentation mais des « peintures » de par leur mode de fabrication. Ce que l’on voit est une illusion de réalité, celle d’une installation qui se présente dans un espace qui rappelle une galerie, un musée. Ces images qui semblent documenter une réalité, pourtant absente, deviennent des métaphores de l’espace de la galerie tout en la neutralisant. Une disparition de l’espace tangible de la galerie au profit d’un langage propre à répondre à l’évolution de nos modes de communication qui tendent eux mêmes vers la virtualité.
Qu’est ce qui fait qu’une photographie est plus intéressante que toute autre image? Surtout si elle n’en est pas une?
Une peinture prise en photo continu à être analysée comme une peinture, signifie que la photo de l’oeuvre a été prise sur un mur, dans une pièce, dans un musée ou une collection, etc.… Une légende peut réussir à combler en partie les éventuelles lacunes de l’image. La photographie apporte avec elle l’inévitable nécessité d’un hors-champs et d’une histoire, l’image que l’on voit est nécessairement issu d’un contexte plus grand et si large qu’aucune photo ne pourra jamais le contenir. Et cette implication d’un hors-champs qui limiterait le pouvoir sur l’image du photographe à l’intérieur du cadre et de son point de vue, donne en contre partie l’impression au spectateur qu’il est une part de ce hors-champs dont la réalité devient visiblement irréfutable. Interpréter une image comme une photographie est modifier le passé de cette image, et par extension modifier les conséquences de ce dernier.
Une peinture prise en photo continue à être vue comme une peinture. Ce processus a fait de la photographie le principale support de médiatisation de l’art. Il en fait aussi le support le plus ambivalent en participant de la question polémique « où et quand s’arrête l’oeuvre? ». Je n’ai jamais vu les sculptures de Bamihan, je n’ai fait que les voir en photos, ces dernières prises en 1998 par… ou je n’ai fait fait que voir les photos, ou « des » photos… Si la photographie est la première forme de présentation et médiatisation de l’art contemporain alors elle en devient la principale forme de représentation et son esthétique la plus influente et pourtant la moins visible et lisible.
(Texte du Dossier de Presse)
Jusqu’au 9 avril
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77, rue des Archives
75003 Paris