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Yang Fudong’s Norwegian Wood

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J’ai revu Yang Fudong récemment lors de la double foire à Shanghai, West Bund Art et Photo Shanghai, en très grande forme, après avoir perdu du poids, il avait l’air rajeuni. Son grand tirage exposé à Photo Shanghai intitulé The Light That I Feel, est étonnant de lumière, de lumière naturelle, à l’opposé de ses photographies d’intérieur de la piscine art déco du Park Hotel de Shanghai, réalisées au flash. Il disait déjà qu’il cherchait à créer dans ses photographies un narratif cinématographique. The Light est entièrement photographié en Norvège, à l’extérieur dans la nature, en plein air, pendant l’été 2014, sur l’île de Sandhornoya.  Yang Fudong, lui-même réalisateur de cinéma aux courts métrages oniriques, dit qu’il a été inspiré par Ingmar Bergman. Et il trouve là l’occasion de diriger pour une fois des acteurs et danseurs occidentaux, des norvégiens. Le film est monté et finalisé au studio du Nordland College of Art and Film de Kabelvag.

Au cours de l’été 2015, The Light That I Feel est projeté sur huit écrans dans le cadre du Festival Salt. Or, dans cet endroit très isolé et pratiquement situé dans le cercle polaire du grand nord norvégien, a lieu depuis 2014 le Festival Salt, un festival artistique comme il n’en existe nulle part ailleurs au monde, qui dure toute l’année, comprenant expositions d’art, concert de musique contemporaine et installation architecturale, dont un sauna que les constructeurs présentent comme le plus grand au monde, avec vue imprenable sur la plage sauvage au sable blanc délimitée par une falaise.

On peut imaginer la magie qui pourrait survenir du visionnage des images de Yang Fudong, projetées dans des cubes de projection fabriquées pour l’occasion, et abritées par une énorme structure pyramidale en bois nordique, qui consiste en une succession de poutres en forme de grand A, la magie prend toute sa puissance à la tombée de la nuit arctique, lorsque le soleil reste collé à l’horizon.

Yang Fudong est un producteur de film hypnotique sans parole, de poésie pure sans trame, en laissant le narratif au vent et à la nature. Ses images, d’une beauté éblouissante, d’un classicisme Greco-romantique, et pourtant d’une modernité saisissante, nous rappellent pourtant la chaleur et la sensualité émanant de la photo iconique de George Hoyningen-Huene, lorsqu’il immortalise le portrait de Horst P. Horst en maillot de bain, un été 1931.

Il y a aussi ce quelque chose dans l’air, comme un son de sitar indien, qui nous rappelle et nous fait savourer le goût retrouvé d’un vin partagé lors d’une nuit de rencontre platonique avec une jeune fille de rêve décrite par John Lennon dans « Norwegian Wood ».

Comme aime à le dire Yang Fudong à propos de son travail, « c’est une sensation de hier, mais c’est en fait demain », qui traduit la nostalgie d’un monde futur de lumière, de poésie et de paix.

Dernière expo solo : Twin Tracks au Yuz Museum de Shanghai, Janvier 2016
Yang Fudong est représenté par la galerie ShanghART à Shanghai. www.shanghartgallery.com

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