Triste, l’épisode du World Press de la semaine dernière. Triste et un peu hypocrite. Ces déchaînements du politiquement correct deviennent insupportables : on traque, on épluche, on commente. Livrée en pâture et à la vindicte populaire, Michele McNally est la présidente du jury et la patronne de la photo au New York Times. Michele est un personnage formidable, l’un des plus beaux de ces 25 dernières années dans la photographie contemporaine, c’est elle qui a réinventé le goût et l’utilisation de l’image New York Times. Le vrai problème n’est pas l’utilisation du cousin ou d’un flash électrique. Le vrai problème est que la photographie n’a jamais autant été à la mode. Qu’elle est pratiquée par tous. Qu’elle est devenue la communication et qu’elle a remplacé le verbe. Cette mutation s’est faite en dévorant et en éradiquant ses enfants naturels : les photographes professionnels. Les photojournalistes d’abord, les paparazzi ensuite, les photographes de mode et de publicité aujourd’hui. Hormis quelques milliers de passionnés prêts à risquer leur vie pour témoigner à tout prix, personne ne s’intéresse au World Press Photo : le photojournalisme fait chier tout le monde, et Perpignan est un devenu un pèlerinage nostalgique. C’est triste, tragique, mais vrai.
Triste semaine en effet : Ray DeMoulin, l’ancien patron de Kodak, est mort. Il fut le plus flamboyant mentor lors de son règne pendant les années 80 et 90 : grâce à lui, énormément de photographes vivaient heureux.