Venise: une intéressante rétrospective consacrée à Willy Ronis (1910-2009) a lieu à la Casa dei Tre Oci – un exemple fascinant d’architecture néo-gothique face à la place Saint-Marc. La ville lagune rend hommage au photographe français et présente 120 images vintages, parmi lesquelles des images inédites consacrées à Venise. Des documents et des lettres sont également exposés, couvrant toute sa carrière.
Ronis était un protagoniste du mouvement français de la photographie humaniste aux côtés de Brassaï, Henri Cartier-Bresson, Robert Doisneau, Izis, Marc Riboud et Sabine Weiss. Même en l’absence de manifeste, ils se concentraient sur la condition humaine et les aspects les plus simples de la vie quotidienne. Selon ce point de vue, Willy Ronis a développé une sorte de micro-récit, traitant de personnes et de situations dans la rue et dans la vie quotidienne, lui permettant de découvrir une signification existentielle universelle.
À la mort de son père, qui avait un magasin d’appareils photo et un studio de portrait, Ronis reprit son affaire. Par la suite, en 1936, il emporta son appareil photo dans les rues de Paris et s’installa en tant que photographe indépendant. Bien que ses images soient à la fois narratives et poétiques, il était profondément intéressé par le contexte social et l’injustice, ainsi que par la mise en valeur de la dignité des personnes photographiées. Ronis appartenait à l’Association des Écrivains et Artistes Révolutionnaires. En tant que militant communiste, il a été impliqué dans la production d’images de la condition des travailleurs et de luttes sociales. Il s’intéressait au monde ouvrier et à l’industrie même, avec ses usines: il a réussi à capturer ce monde avec empathie. Willy Ronis couvrait des conflits sociaux, tels que les grèves de Citroën (1938) et de Renault (1950) et, pour le magazine Life, les grèves de mineurs en France (1948-1951), exprimant ainsi sa solidarité avec les travailleurs en lutte dans ses images.
La plupart de ses images les plus reproduites ont été faites en France, mais dès sa jeunesse, Ronis a voyagé et à photographié d’autres lieux. Il a toujours pensé qu’il était plus important de recevoir les images que de partir à leur recherche, d’absorber le monde extérieur plutôt que de le capturer et, à partir de là, de construire des histoires. En 1946, Ronis a rejoint l’agence de photo Rapho. il fut le premier photographe français à travailler pour Life. Outre les nus et le travail de mode de Ronis (par exemple pour Vogue), il resta photographe de presse. Il a démissionné de Rapho après 25 ans de collaboration en raison du sous-titre hostile d’un grand journal à sa photo d’une grève.
L’exposition est organisée par Matthieu Rivallin et réalisée avec le Jeu de Paume à Paris et la médiathèque de l’architecture et du patrimoine, ministère de la Culture – France, avec la participation de la Fondazione di Venezia, et organisée par Civita Tre Venezie. (Au fait, c’est un événement ami des chiens).
Paola Sammartano
Paola Sammartano est une journaliste spécialisée dans les arts et la photographie basée à Milan, en Italie.
Willy Ronis. Photographies 1934-1998
6 septembre 2018 au 6 janvier 2019
Casa dei Tre Oci
43 Fondamenta delle Zitelle, Giudecca
30133 Venise, Italie