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William S. Burroughs

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William S. Burroughs (1914–1997) a été l’un des écrivains les plus influents du 20ème siècle. Ses œuvres les plus connues sont Junky (1953), La Machine molle (1961), et son roman novateur Le Festin nu (1959), qui a été adapté dans un film réalisé par David Cronenberg en 1991. Icône culte, il était aussi peintre et poète. Malgré la reconnaissance dont il fait l’objet par ailleurs, le travail de Burroughs en tant que photographe est rarement pris en considération. Cette omission est sans doute due à sa notoriété dans les autres médias ainsi qu’au fait que sa production photographique a été largement dispersée, souvent jetée, découpée ou laissée derrière lui, en raison du style de vie bohème de l’artiste.

Au moment où Burroughs prenait des photographies le long de Duke Street, St James’s, ou faisait des études d’objets anciens égyptiens ou aztèques au British Museum pendant son passage à Londres au début des années 70, la Photographers’ Gallery ouvrait ses portes en 1971 dans la même zone, sur Great Newport Street. C’était un moment créatif important pour la photographie dans la capitale anglaise, mais il est difficile de savoir si Burroughs y a participé délibérément. Le plus souvent, ses images représentent des rues vides, ou des bâtiments en ruine de Soho, des lits d’hôtels, faits et défaits, ou des arrangements de photographies étalées dans sa chambre d’hôtel de St James’s. Les photographies de Burroughs frappent par leur indépendance et leur absence de références à d’autres pratiques ou genres. Si elles peuvent être rattachées à certains genres ou sujets récurrents – scènes de rue, natures mortes, collages, tours radios ou passants – elles s’éloignent de toute expression canonique.

Les images de Burroughs sont à la fois prises sur le vif et mûrement réfléchies. N’ayant aucun intérêt pour la fétichisation des photographies en tant qu’objets précieux en eux-mêmes, Burroughs faisait tirer ses clichés dans des laboratoires lambda, peu chers mais accomplissant un travail peu soigné. Si ses images semblent avoir la qualité aléatoire d’instantanés, elles traduisent également une vision singulière. Burroughs lui-même voyait les photographies comme des objets jetables, destructibles, mais possédant également des pouvoirs occultes (Barry Miles, ‘Photographs as Weapons’), offrant la possibilité de « voyager » dans l’espace et le temps (John Sears, ‘Tickets to St Louis’), et ayant une fonction hallucinogène – comme Susan Laxton le dit : « Si William Burroughs avait pu photographier ses rêves, il l’aurait fait. » La primauté de l’image visuelle dans le processus créatif de Burroughs est évoquée dans le texte de Patricia Allmer à propos des « déploiements d’allusions, d’évocations et de réminiscences historiques » dans ses photos, et sa manière de concevoir l’image photographique comme précédant le monde réel est aussi explicitée dans l’analyse de David Brittain qui souligne « qu’il confondait souvent l’image visuelle avec le monde. »

Grâce à cette opportunité rare de considérer sa production photographique (ou ce qu’il en reste) comme un tout, nous pouvons apprécier le sens général qui s’en dégage. Nous espérons que ce livre et cette exposition, Taking Shots: The Photography of William S. Burroughs, redresseront l’équilibre et permettront de comprendre le rôle significatif que la photographie a joué dans l’œuvre de Burroughs – et sa contribution à la photographie en tant que tout. Ce projet coïncide avec le centenaire de la naissance de Burroughs, et inclut plus de 150 images rarement ou jamais publiées auparavant, réalisées sur sept décennies, dans des lieux tels que Tanger, Paris, New York et Londres.

Nous remercions chaleureusement les nombreuses personnes qui ont rendu ce projet possible, plus spécifiquement les deux curateurs de celui-ci, Patricia Allmer et John Sears, les propriétaires des œuvres, les gens qui nous ont soutenus, les auteurs de ces essais, et Ali Gitlow chez Prestel, pour le temps, le dévouement et l’enthousiasme qu’ils y ont consacrés.

Clare Grafik, directrice des Expositions à la Photographers’ Gallery

EXPOSITION
Taking Shots: The Photography of William S. Burroughs
Du 17 janvier au 30 March 2014
The Photographer’s Gallery
16 – 18 Ramillies Street
Londres W1F 7LW
Royaume-Uni

LIVRE
Taking Shots: The Photography of William Burroughs
Patricia Allmer, John Sears
Editions Prestel
Hardcover with jacket, 160 pages, 24×28, 9.4 x 11.0 Inches
150 b/w illustrations
ISBN: 978-3-7913-4879-7
£29.99 | US$ 49.95

http://thephotographersgallery.org.uk
http://www.randomhouse.de/prestel_eng/

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