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William Eggleston –Chefs-d’Oeuvre à vendre

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William Eggleston: une vente aux enchères dédiée chez Christie’s à New York le 12 mars. La dernière des séries que la maison de ventes consacre à un artiste unique présente des impressions époustouflantes du maître américain dans un nouveau format élargi. Philippe Garner, le directeur international de la section photographies de Christie’s évoque les qualités qui rendent le travail d’Eggleston si spécial :

Voici des photographies qui rendent les lieux les plus courants étrangement fascinants ; les scènes banlieusardes émotionnellement neutres qui pourraient autrement sembler dénuées de caractère sont métamorphosées par la caresse subtile d’une lumière chaude de début de soirée ; les choses les plus communes, les éléments les plus banals des intérieurs domestiques, qui n’arriveraient normalement pas à attirer notre attention, ou à soulever notre curiosité, parviennent à fixer leurs formes et leurs existences mêmes dans nos consciences de manière indélébile. Le regard discrètement affûté d’Eggleston parcourt l’espace avec fluidité, se fixant avec précision pour saisir l’alignement des éléments qui constituera la photo juste, dotée d’une douce expressivité.

Comment peut-on caractériser ou expliquer la sensibilité si particulière qu’expriment les photographies de William Eggleston ? Peut-être n’y a-t-il pas de vocabulaire adéquat pour décrire les images qui résultent de la recherche existentielle permanente de ce photographe singulier. Ces photos sont simplement, sans intentionalité évidente, et pourtant subtilement directives dans leur suggestion d’une lecture fataliste du monde matériel, dans tous ses heureux hasards et son caractère apparemment aléatoire. La distinction entre les choses qui pourraient être décrites comme affreuses ou magnifiques devient triviale, hors de propos. Ces images insistent gentiment pour être lues selon leurs propres termes, tacites et contournés. Leur impact subliminal persistant soulève une admiration de plus en plus marquée. Le photographe donne à son public une opportunité de découvrir sa vision du monde matériel, proposant les éléments d’une relation d’un ordre tout à fait particulier, toujours curieuse, mais dénuée de jugement, résignée, et dotée d’une sensibilité subtile – certains diraient poétique.

C’est Oscar Wilde qui proposa le paradoxe, dans Le portrait de Dorian Gray, selon lequel le vrai mystère du monde était à trouver dans le visible, plutôt que dans les manifestations invisibles. Cette formulation pourrait constituer un credo approprié pour William Eggleston. Ses photographies constituent une sorte de prise de position philosophique sur le monde que nous avons créé. Il nous demande effectivement de prendre le temps de regarder et de réfléchir avec un point de vue neuf. Et plus nous les regardons, plus ses images nous offrent de récompenses. Nous pénétrons dans les espaces picturaux que l’appareil d’Eggleston décrit ; et nous changeons de rythme, ralentissant pour nous engager dans ces photos qui peuvent devenir terriblement absorbantes.

L’influence de William Eggleston au cours des années, depuis son exposition au MoMA en 1976 et la publication de son Guide, s’est extraordinairement développée, que ce soit dans le champ de la photographie ou dans celui du cinéma. On a souvent souligné que les univers visuels mis en place par certains des réalisateurs les plus influents de notre époque, le plus notable d’entre eux étant peut-être David Lynch, sont fortement redevables à l’impact psychologique subtil des images d’Eggleston. Sa décision récente de repenser ses échelles et de nettement agrandir le format auquel il imprime son travail était audacieuse, mais appropriée, dans son cas. Le moment était bien choisi. Les ressources techniques de plus en plus sophistiquées auxquelles nous avons accès aujourd’hui lui ont permis de réaliser des impressions immenses d’un niveau de clarté, de fidélité et de saturation qui était inconcevable au moment où les photographies ont été prises. À cette échelle plus cinématique, les images invitent à un autre niveau d’engagement ; elles remplissent notre champ de vision ; elles nous attirent en leur sein. Nous sommes happés dans le monde d’Eggleston.

La sélection d’impressions présentée, comprenant certaines de ses images les plus célèbres et emblématiques ainsi qu’un choix révélateur de sujets moins familiers, porte un témoignage puissant de la reconnaissance acquise par William Eggleston comme l’un des artistes visuels les plus indiscutables de son temps.

Philippe Garner

Photographic Masterworks by William Egglestont
Lundi 12 mars 2012

Christie’s New York
20 Rockefeller Plaza
New York, NY 10020
Tel: +1 212 636 2000
Fax: +1 212 636 2399

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