Quand il était enfant, William Christenberry, qui est décédé en novembre dernier, passait ses vacances d’été dans le comté de Hale (Hale County) en Alabama à quelques kilomètres de Tuscaloosa, sa ville natale. Installé plus tard sur la côte est des États-Unis, il est revenu pendant toute sa vie dans cette région qui l’a fortement inspiré et qu’il a inlassablement prise en photo. Christenberry a ainsi photographié les mêmes endroits à différents moments de l’année et parfois à plusieurs années d’intervalle. La galerie Pace/MacGill à New York présente une exposition (qui, depuis sa mort récente, est devenu un hommage) intitulée Summer/Winter qui montre quelques unes de ces photographies sous la forme de diptyques évocateurs.
L’œuvre de Christenberry est ponctuée d’images qui se répètent sans cesse, on y retrouve les mêmes lieux qui se déclinent d’une saison à l’autre et qui se distinguent par des prises de vue légèrement différentes. Les lieux se désagrègent au fur-et-à-mesure, la végétation se fait de plus en plus envahissante mais aussi, parfois, les maisons et les baraques résistent à l’usure du temps. À chaque diptyque, on se laisse prendre au jeu des différences : ici on a refait la toiture, là on a réparé la devanture.
Il serait réducteur de limiter le geste de William Christenberry à l’expérience du temps qui passe et le titre de l’exposition Summer/Winter nous dit quelque chose de plus précis – aussi, le titre Winter aurait presque été suffisant. On dirait que, par contraste avec les photos estivales, celles prises l’hiver nous apparaissent avec plus de puissance, comme si elles étaient le véritable enjeu de l’exposition. L’hiver de Christenberry est une force de renoncement et de dépouillement qui laisse voir les choses telles qu’elles sont sans l’exubérance brouillonne de l’été. L’arbre dénudé par l’hiver laisse voir les lignes que forment ses banches et tout ce qui était obstrué apparaît comme par magie : une maison abandonné, un morceau de ciel. William Christenberry nous montre l’essence même de ces deux saisons : ce que l’été cache, l’hiver le dévoile. L’exposition tire sa beauté de la simplicité de son propos et de sa présentation. Ce n’est pas bavard, les formats ne sont pas aguicheurs et les couleurs sont d’une fadeur délicate.
Hugo Fortin
Hugo Fortin est un auteur spécialisé en photographie basé à New York.
William Christenberry : Summer / Winter
Du 3 novembre 2016 au 4 février 2017
Pace/MacGill Gallery
32 East 57 Street
New York, 10022
Etats-Unis