« Le mariage est une science » écrivait Honoré de Balzac. Lorsque le numérique est apparu dans l’environnement du photographe et du journaliste, personne ne s’attendait à un tel bouleversement dans les pratiques, les modes d’expression et de représentation. La manière de penser un récit, de raconter l’histoire, de toucher le public en fut bouleversée. Le mariage du numérique et de la photographie est une donnée essentielle dans l’alchimie du “digital storytelling”.
Depuis cinq ans tout un écosystème a vu le jour, il touche à tous les ressorts du récit fictionnel, journalistique ou autobiographique. Ses logiques sont multisupport et la conception et l’écriture d’un projet doit répondre à la dialectique du transmédia. La place de l’auteur ou de la problématique développée est centrale mais elle est placée au coeur d’univers narratifs complémentaires, d’expériences collectives d’interaction avec le récit et de processus complexes.
Nouvelles orchestrations éditoriales, innovation narrative, nouveaux défis professionnels, évolution de l’identité professionnelle mais un cœur de métier inchangé.
Qu’il s’agisse de la réalisation d’une POM (Petite Œuvre Multimédia), d’une vidéographie, d’un webdocumentaire ou d’une plateforme interactive, sans une série cohérente, rien ne pourra être envisagé. Au delà du regard, tous ces formats sont fortement ancrés autour d’une approche, d’un point de vue, d’une histoire. Les photographes dans leur ensemble en voient leur rôle accru, ils doivent continuer à raconter des histoires en images et à réinventer leur rôle. Passeurs d’une réalité “augmentée”, les photojournalistes demeurent les grands témoins de l’Histoire.
L’utilisation de la photographie par la presse était hier statique ; elle est aujourd’hui connectée, partagée, interactive et participative. L’histoire peut prendre vie sur un ensemble de canaux : web, mobile, tablette, télévision connectée et réseaux sociaux. En 2012 nous sommes dans des problématiques de flux, de centres d’intérêt et de communauté. Les photojournalistes n’ont jamais eu autant de moyen, d’opportunité de faire plus et mieux. Économiquement, même si une alternative est en train de s’opérer avec le mécénat et l’arrivée de plateformes de financement participatif nommées « crowdfunding », la question du financement reste le nerf de la guerre.
La nouvelle rubrique “Digital Storytelling” se propose de rendre compréhensible la science du digital storytelling. Elle va couvrir l’ensemble de la chaîne, de la production à la diffusion, et présentera des structures ou des projets en dressant aussi les portraits de personnes qui les portent.