Wiktoria Wojciechowska
Le titre de la série photographique de Wiktoria Wojciechowska, Sparks (Étincelles), évoque les débris brûlants de missiles transperçant les murs des habitations mais aussi les éclats lumineux des explosions se reflétant sur les visages ou encore les flashes de mémoire et réminiscences douloureuses qui habitent l’esprit des victimes.
Surtout, ce titre fait directement allusion à la forme choisie par Wiktoria Wojciechowska pour raconter la guerre en Ukraine, une forme dispersée constituée de différents matériaux collectés : photographies, films et paroles, éclatés tels des fragments de bombes. La série Sparks se veut ainsi le portrait multidimensionnel d’une guerre dont on ne parle plus ou peu.
Au cœur de la série s’imposent des portraits de jeunes soldats dont Wiktoria Wojciechowska a voulu mettre en lumière le manque d’expérience, la fragilité et la transformation par la guerre. Non-professionnels et guidés par leur seule conviction, ces soldats ont quitté leur situation sociale antérieure pour devenir simples humains face à la peur, face à des sentiments complexes et à des dangers auxquels ils n’étaient pas préparés. Loin d’une héroïsation de ces jeunes hommes, la photographe révèle à travers ses clichés sensibles leurs failles et leurs doutes.
D’autres images de la série montrent les ruines laissées par les combats, stigmates d’une guerre menée avec des armes modernes : ponts détruits, tranchée creusée dans un paysage désolé, façades criblées… Chaque photographie témoigne du positionnement choisi par Wiktoria Wojciechowska pour rendre compte du conflit ukrainien : un angle qui ne soit pas celui du photojournalisme mais qui privilégie plutôt un regard oblique sur la guerre.
Lucas Olivet
Le projet Kopiec Bonawentura puise son origine dans une citation d’Alfred Jarry tirée d’Ubu Roi : « Quant à l’action, elle se passe en Pologne, c’est-à-dire nulle part». Et si la Pologne existait en plusieurs lieux à la fois ? Lucas Olivet propose une réponse imaginaire et transnationale qu’il situe en Pologne et dans les terres d’exil de sa diaspora, communément appelées Polonia. Cette diversité de lieux dessine une cartographie mentale où les détails vivants et intimes du quotidien peuvent croiser la route du surnaturel. Pour cela, Lucas Olivet s’est laissé guider par une légende polonaise, celle d’Andrzej Tadeusz Bonawentura Kosciuszko. Les historiens l’appellent
« le dernier chevalier » ou « le premier citoyen du monde ». Son destin héroïque illustre la cause commune des nations sujettes aux déplacements
de leurs frontières. Le titre de l’exposition, Kopiec Bonawentura, est emprunté au nom du tertre construit en sa mémoire sur les hauteurs de Cracovie.
Wiktoria Wojciechowska – Sparks // Lucas Olivet – Kopiec Bonawentura
Du 13 septembre au 27 octobre 2019
La Filature, scène nationale
20 allée Nathan Katz 68100 Mulhouse