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Lausanne : Werner Bischof, la condition humaine mise en forme

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Le Musée de l’Elysée à Lausanne (Suisse) consacre une ample rétrospective au Zurichois Werner Bischof, étoile filante du photojournalisme des années 1940 et 1950. Le centenaire de la naissance de cet esthète de la photographie fournit l’occasion de revoir son travail en profondeur, de ses débuts à sa fin tragique en 1954. Le 16 mai de cette année-là, Werner Bischof perdait la vie dans un accident de la circulation sur une route des Andes, au Pérou. Il venait de fêter ses 38 ans. Il était membre de l’agence Magnum depuis cinq ans et collaborait aux plus grands titres de l’époque, comme Life.

L’exposition rembobine le film de cette carrière en commençant par la fin, ou presque : des images en couleur des Etats-Unis prises en 1953 alors que Werner Bischof sillonnait le pays pour le compte de la Standard Oil. Des rues en surplomb, des parkings, des ouvriers sur le Golden Bridge : l’œil du photographe tire au cordeau les paysages urbains et ruraux de l’ « American way of life ». Une vision idéale qu’un autre Zurichois, Robert Frank, reconstituera plus tard à l’occasion de son road trip à travers les Etats-Unis.

Les deux Suisses alémaniques, ainsi que René Burri ou Emil Schulthess, provenaient du même moule formé par l’enseignement de Hans Finsler à l’école des arts appliqués de Zurich (une influence assimilée par Robert Frank par l’entremise de son maître d’apprentissage Michael Wolgensinger). Une photographie précise, réfléchie, d’obédience Nouvelle Objectivité, mais qui va s’enrichir chez ces photographes d’humanisme et de découverte insatiable du monde.

Précision graphique et inquiétude existentielle : la tension accompagne toute l’œuvre de Werner Bischof. Qu’il parcourt l’Europe ravagée par la guerre, l’Inde, l’Extrême-Orient ou les Amériques, l’élégance de son style reste la même. C’est une éthique de travail, attentive aux plus vulnérables, rétive à la laideur et à la violence. Un petit joueur de flûte au Pérou, des jonques en mer de Chine, des moines sous la neige au Japon, pour reprendre trois des photos les plus fameuses de Werner Bischof.

La rétrospective du Musée de l’Elysée se termine par les années de formation en Suisse, une exposition dans l’exposition intitulée « Helvetica », comme le caractère typographique. Les essais sur la lumière, les natures mortes, les travaux de mode ou d’industrie, les images de nature montrent l’étendue de la maîtrise formelle de Werner Bischof. Même si le choix de montrer surtout les planches-contacts du photographe tend, à la longue, à niveler l’intérêt. Mais le choix est en accord avec ce grand hommage, surtout composé de tirages d’époque et de multiples inédits.

EXPOSITION
Werner Bischof, Point de vue et Helvetica
Du 27 janvier au 1er mai 2016
Musée de l’Elysée
18, avenue de l’Elysée
1014 Lausanne
Suisse
http://www.elysee.ch

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