Pour débuter l’année 2014, la OFOTO Gallery de Shanghaï organise une exposition des œuvres de Zhang Bojun (张博钧). Né en 1964 dans la province du Heilongjiang et maintenant installé à Pékin, Zhang présente sa série We («Nous») réalisée au court de sept années de balades dans la rue et de rencontres fortuites.
We parle des Chinois, de la vie urbaine, des flux migratoires, d’une vie rêvée dans les grandes métropoles mais vite rattrapée par la réalité de l’impossible sédentarisation du moins pour les travailleurs en situation précaire, représentant malheureusement la grande majorité de la population urbaine. Durant sept ans, Zhang prend chaque jour des photos, dissocie puis recompose afin de donner forme à une fourmilière de personnes, à la fois toutes identiques mais différentes.
Zhang offre une série de photographies digitales en grand format, libres d’interprétation. L’on peut y voir une pure expérience formelle, ou un commentaire social intransigeant. Les balades quotidiennes dans la rue ont rendu Zhang perméable aux anxiétés de la population. Pour lui «chaque personne est le miroir de soi ». Cette empathie lui a permis de comprendre ce qu’il appelle « les mécanismes de survie et les hiérarchies sociales » pour les transformer en motifs visuels répétitifs. Tantôt en damier, tantôt en petits carrés, en diagonales, en couleur ou noir et blanc, les gigantesques patchworks de Zhang nous font prendre conscience que chaque vie humaine n’a de sens qu’une fois considérée avec distance et relativisme.
L’artiste matérialise la notion du collectif en Chine, seul le regroupement donne à voir une forme cohérente, ensemble toutes ces personnes ne forment qu’un, tel un patchwork fait de vie, un bout de tissu fait de chair et de sang. Mais loin de ne proposer qu’un constat de la négation de l’individu dans une société capitalo-communiste, il semble que Zhang au contraire propose une vision colorée et ironique de la société contemporaine chinoise.
Considérées de manière purement formelle, ses œuvres viennent tout simplement perturber de manière ludique notre perception de la foule, ou plutôt de la place de l’individu dans la foule. Visions improbables, ces photos permettent à la notion de « marée humaine » de prendre tout son sens, et réalisent un mélange contradictoire entre engagement pour le collectif et affirmation de l’individualité. Un art simple, sans détour et amusant qui se veut pour le peuple, d’où le titre tout aussi simple mais évocateur de «Nous ».
Cette série de grand format (plus d’un mètre d’envergure) atteste également l’engouement particulier qu’ont la plupart des artistes chinois pour la photographie digitale et les photomontages audacieux. Une répétition de motifs à l’image de la répétition de la routine quotidienne.
Zhang Bojun Photography Exhibition
Jusqu’au 20 janvier 2014
OFOTO Gallery
2F, Building 13, 50 Moganshan Rd.
Shanghai
Chine