Satire et gigantisme : Wang Qingsong par Thircuir edition
A l’heure où la photographie chinoise prend une ampleur grandissante au niveau international, la maison d’édition Thircuir a eu la brillante idée de lancer sa première collection sur les photographes chinois les plus importants et les plus prometteurs de leur génération.
Fondée en 2011 par Jérémie Thircuir et Enoïa Ballade, la maison d’édition Thircuir s’est donnée pour vocation la promotion de l’art et de la culture chinoise, en proposant des publications sans prétention mais pour le moins pertinentes. Pour sa première collection de monographies de photographes chinois, Thircuir n’a pas lésiné sur le graphisme ni sur la qualité du contenu : les textes accessibles et originaux sont accompagnés d’images de grande qualité, le tout abordable pour toutes les bourses.
Paru fin août en France, le dernier opus porte sur Wang Qingsong (né en 1966 dans la province du Heilongjiang), un des maîtres incontestés de la photographie contemporaine chinoise maintenant installé à Pékin. « Serait-il possible de faire une édition sur la photographie chinoise sans parler de Wang Qingsong ? », voilà une question rhétorique que clame Jérémie Thircuir, mettant à jour son dévouement pour une meilleure compréhension de la photographie dans le contexte chinois.
Tout d’abord peintre, Wang Qingsong délaisse ce médium pour se plonger à corps perdu dans la photographie. Il met en scène son expérience plus ou moins douloureuse de la Chine post 80, post réformes économiques, celle où tout va à mille à l’heure, où tout semble possible mais incertain. Ses photographies aux formats colossaux nécessitent souvent la participation de nombreux figurants, mais l’artiste n’hésite pas à se mettre lui-même en scène, se cachant sous les traits d’un professeur, d’un commandant militaire, d’un penseur chinois, d’un rat de bibliothèque entre autres personnages fantasques. Gigantesques et colorées, les photographies de Wang Qingsong mélangent « Gaudi Art » kitsh, tradition picturale européenne et chinoise, imagerie révolutionnaire, humour, et critiques acerbes sur la société chinoise.
La préface, sous la plume de Jérémie Thircuir, introduit les éléments biographiques et propose une lecture analytique de l’œuvre de l’artiste, à travers laquelle lecteur averti comme néophyte y trouve son compte. S’ensuit une longue série d’images ponctuées par des commentaires inspirés des propres textes de l’artiste. Au bonheur du lecteur, les images sont présentées avec dynamisme : pleine page, double page, dépliant permettant une vue d’ensemble, ou encore détail, tous ces choix de présentation s’alternent pour une lecture rythmée et une meilleure contemplation des œuvres de Wang Qingsong.
La maison d’édition Thircuir nous propose donc 128 pages pour découvrir ou redécouvrir les photographies percutantes de Wang Qingsong, dans lesquelles l’orient et l’occident se rencontrent, réalité et théâtralité s’unissent par un mariage improbable.
Marine Cabos
Wang Qingsong
Préface de Jérémie Thircuir
© 2012 Thircuir Limited
128 pages avec photographies couleurs
ISBN 9881607892
16,50 x 11,50 cm
11,90€
Déjà paru : Liu Bolin, Song Chao, Yang Yongliang, Yang Yong, Chen Jiagang.
