La photographie en Asie a trouvé son nouveau porte-parole : Voices of Photography (VOP, 摄影之声). Depuis leur QG fondé à Taiwan en 2011, l’éditeur en chef Wei-I Lee et son équipe proposent des publications qui racontent et analysent les grands développements de la photographie asiatique (avec quelques volumes sur des auteurs occidentaux).
Bien qu’un certain nombre de leurs textes n’existe qu’en chinois, les nombreuses traductions anglaises de leurs articles, livres ou magazines permettent de saisir les grandes lignes directrices de ces éditions indépendantes, qui prennent parfois les allures de faiseuses de tendances. Artistes, galeristes, commissaires d’exposition, éditeurs — toutes les professions liées plus ou moins directement au monde de la photographie sont passées au crible. Ces métiers et leurs événements associés sont revus de manière générale à travers des articles, visualisés grâce aux nombreuses images accompagnant les textes, analysés en détail s’ils font l’objet d’un numéro spécial du magazine officiel, ou encore sublimés lorsqu’érigés en livre d’art. Nous l’aurons compris, les éditions VOP sont prolifiques et très dynamiques.
L’Asie ne manque pas de magazines spécialisés dans le domaine. En Chine par exemple, Shanghai Photography et Chinese Photography sont deux exemples parmi d’autres jouissant d’une certaine renommée et visibilité. VOP se distingue toutefois par un graphisme dans l’air du temps, et surtout par son œil affuté et sa sélection hétéroclite. Les sujets touchent en effet autant l’art que l’histoire ou la photographie ancienne, tout comme les explorations formelles et conceptuelles toujours plus poussées de la photographie contemporaine.
Parmi les éditions spéciales du magazine, on retiendra le volume dédié au géant Chang Chao-Tang, photographe taiwanais actif depuis les années 1950 dont les noir et blanc saisissent par leur expressivité et leur caractère résolument surréaliste. Thomas Sauvin, le plus chinois des Français, est aussi mis à l’honneur avec un numéro spécial (volume 11) dédié à son projet colossal Beijing Silvermine, dont le but est de reconstituer et réinterpréter les archives vernaculaires chinoises depuis les années 1980. Le subversif Ren Hang et ses corps nus démantelés, sculptures à la fois risibles et éblouissantes, n’est pas laissé pour compte non plus dans le volume 9.
VOP tente de reconstruire la voie qu’a arpenté la photographie en Asie depuis le siècle dernier, mais elle se veut aussi la voix de l’actualité. Il n’est donc pas étonnant de retrouver des membres de l’équipe arborant fièrement le logo de la maison d’édition au milieu de la foule des manifestants pro-démocratiques à Hong Kong, événements qui ont débuté le 26 septembre dernier. A l’heure actuelle, VOP représente la seule plateforme qui permet à tout un chacun de se tenir informé sur les derniers débats, les dernières recherches, ou encore les personnalités les plus en vogue du monde de la photographie en Asie.
LIVRE
Voices of Photography