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Vivre en Chine –Boris Svartzmann

Un trait saillant des vingt dernières années en Chine: son urbanisation. La modernisation du cadre de vie est inséparable des phénomènes sociaux en cours, autant des destructions massives de logements en ville et à la campagne que de l’émigration de paysans migrants en quête de travail ou des nouvelles élites économiques urbaines. Suite à une première enquête sur les expulsions de logement en Chine, j’ai exploré de 2006 à 2008 banlieues, villes et campagnes
chinoises.
Le Parti communiste chinois (PCC) s’imposa en 1949 dans un pays estimé à 90% rural. Avec la relance de l’économie en 1992, les villes accueillent désormais près de 40% de la population chinoise. La transition vers une économie de marché est présentée comme un retour à la normale, les slogans du gouvernement vantent fréquemment le souci du bien commun par l’amélioration des conditions matérielles de vie. Mais la population a été confrontée à des expropriations massives, à la ville comme à la campagne.
La population vit désormais dans un cadre de vie jusqu’alors inconnu en Chine.
La destruction systématisée de tout héritage du passé assure au gouvernement un contrôle sans commune mesure sur l’infrastructure nationale. Comme un oasis, l’urbanisation joue la fonction d’un mirage au coeur d’un désert de liberté.
Que serait devenue la Chine si à la mort de Mao Zedong, en 1976, le développement rural avait été privilégiée sur cette urbanisation et cette industrialisation à outrance? Le citoyen chinois aurait-il pu participer aux politiques publiques pour les infléchir localement? Je me plais à imaginer qu’une démocratie de campagne serait née en Chine.

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