La galerie Howard Greenberg organise dans une de ses trois salles une énième exposition des photographies retrouvées de Vivian Maier. Sauf qu’au milieu, ou plutôt en aparté des noir et blanc dont on connaît aujourd’hui bien la teneur, s’est glissée une sélection d’images couleur tirées dans des “delis”, ces échoppes typiquement américaines qui s’installent aux angles droits des carrefours. Elles rompent avec le style de la photographe par leur qualité de reproduction, mais surtout par leur distance. Oublié le cadrage carré et précis qui font la force des plus célèbres. Celles-ci aiment le détail et l’intrigue. Leur objet : des dos, des flancs, des bras et des mains. Et aussi quelques visages — ce sont ceux, souvent, de mannequins derrière la vitrine. Une collection d’âmes figées dans la fibre de verre, qui paraissent vouloir la vie sur une ou deux photographies, “okay”, dans des scènes imaginées par leur propriétaire. Si bien que vient l’envie de croiser leur regard, de les animer pour de vrai. Quand Vivian Maier a réussi le pari de cette magnifique guérison, elle s’est de nouveau intéressée aux vivants, puis au cadavre d’un parapluie, comme on peut en voir à chaque pluie à New York. Et puis aux journaux aussi, dont quelques-uns se morfondent sur les étalages, dans les poubelles ou au milieu de buissons. Dernière aventure de la défunte, les ombres, la sienne bien sûr, sur fond de fleurs jaunes, mais aussi celle d’une fillette sur un mur de planches vertes. En total contraste avec ce qu’on aime d’elle, Vivian Maier, ici, avec ces quelques tirages anodins, c’est évident, sait encore surprendre.
EXPOSITION
Vivian Maier: In her own hands
Jusqu’au 6 décembre 2014
Howard Greenberg Gallery
41 E 57th St Suite 1406
New York, NY 10022
Etats-Unis
www.howardgreenberg.comwww.vivianmaier.com