Clément Verger
Après avoir étudié la communication visuelle à l’ENSAAMA Olivier de Serres, Clément Verger a bénéficié de la bourse internationale Leonardo da Vinci. En 2011, il a obtenu le Master in Photographic Studies de l’University of Westminster de Londres. Depuis 2013, il travaille régulièrement à la création de workshops avec la Fabrique du Regard, plateforme pédagogique du BAL.
Il a été lauréat de la Cité Internationale des Arts de Paris au cours de la session 2017/2018. Son travail questionne l’apparente naturalité des paysages qui nous entourent à l’époque de l’anthropocène, mixant production artistique et protocole scientifique dans une démarche fondée sur la recherche.
Dans son projet Endeavour débuté au Portugal en 2016 durant la résidence de The Independent AIR et avec le soutien des Jardins Botanique de Kew, Clément Verger utilise l’exemple de l’introduction de l’eucalyptus en Europe pour confronter le large phénomène du transport et de l’implantation d’espèces dans le monde. Son projet devient un outil d’analyse des complexes ramifications de l’influence de l’homme sur son environnent. Par sa position géographique et l’importance de son histoire maritime, l’Espagne a été la porte d’entrée pour l’introduction de l’eucalyptus et de nombreuses autres espèces en Europe. En résidence à la Casa de Velázquez, il peut mener ses recherches sur le terrain et ainsi, complétant le travail déjà initié au Portugal, couvrir la péninsule ibérique dans son entier.
Endeavour – Le cas de l’Eucalyptus
Clément Verger est un artiste Français dont le travail questionne l’apparente naturalité des paysages qui nous entourent, mixant production artistique et protocole scientifique dans une démarche fondée sur la recherche. Dans son projet Endeavour débuté au Portugal en 2016 Verger utilise l’exemple de l’introduction de l’Eucalyptus en Europe pour confronter le large phénomène du transport et de l’implantation d’espèces dans le monde. Son projet devient un outil d’analyse des complexes ramifications de l’influence de l’homme sur son environnent.
En 1768 James Cook pris commande du voilier Endeavour, un bateau de recherche affrété par la Royal Navy pour un voyage qui durera trois années. Le bateau avait comme mission première d’observer le passage de Venus devant le soleil, afin d’aider à résoudre le problème du calcul de la longitude. Cependant après que cette mission ait été effectuée, Cook exécuta l’ordre secret d’une seconde mission : explorer les mers Australes dans le but de découvrir un continent inconnu, l’Australie.
Cette seconde partie de l’expédition captura l’intérêt de Joseph Banks ; Banks était un botaniste et naturaliste, fils d’un grand propriétaire terrien du Lincolnshire. Banks, à l’âge de 25 ans, investit l’équivalent d’un million de livres afin d’équiper l’expédition qui le mènera à la collecte des premiers spécimens d’Eucalyptus.
La première introduction enregistrée d’Eucalyptus en Europe eut lieu entre 1860 et 1863 à Pontevedra, où un moine du nom de Rosendo Salvado envoya depuis l’Australie des graines à sa famille en Espagne. Au Portugal, au cours du 19ème siècle, presque aucune forêt native n’avait survécu, et en 1886 quelques 35000 Eucalyptus furent plantés dans la région de Coimbra avec l’ambition de contrôler une érosion dévastatrice. Il était également supposé que les plantations d’eucalyptus dans les zones marécageuses du pays draineraient l’eau stagnante et réduiraient de ce fait la propagation de la malaria.
Aujourd’hui l’Eucalyptus Globulus est l’arbre le plus abondant au Portugal et recouvre presque 7% du territoire. L’implantation de l’Eucalyptus s’est étendue progressivement à l’Espagne où l’industrie de la pâte à papier se développe fortement. Ces immenses plantations en monoculture paralysent la biodiversité, épuisent les réserves d’eau et multiplient les risques de feux de forêt.
La péninsule Ibérique est le miroir de l’importance de l’eucalyptus à l’échelle internationale. Il est déjà clair que l’eucalyptus sera le premier choix des forêts du 21eme siècle. L’organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture déclare qu’il y avait un total de 600 000 hectares d’eucalyptus plantés dans le monde en 1955, et plus de 4 millions en 1980. Depuis cette date, les plantations ont augmenté de plus de 180 000 hectares par an, d’après une estimation de la même FAO.
Stéphanie Lacombe – Lauréate 2006 de la Bourse Photographe de la
Fondation Jean-Luc Lagardère
Stéphanie Lacombe est née en 1976 à Figeac, dans le Lot. Elle est diplômée de l’école Nationale supérieure des Arts décoratifs (ENSAD). Ses travaux sont exposés en France, en Argentine, en Finlande et à Hong Kong, et publiés par de nombreux magazines et quotidiens, parmi lesquels la Revue XXI, le journal Le Monde et L’obs. Son expérience de femme photographe est transmise par différents workshops menés auprès d’institutions publiques et privées : la Fondation Cartier, les Ateliers du Carrousel, le pôle photographique Diaphane, en Picardie. Outre le prix Niepce (2009) elle est lauréate de la Fondation Lagardère (2006), a reçu le Grand prix de la photographie documentaire et sociale de Sarcelles (2008). En 2001, Sebastião Salgado lui remettait le prix spécial du jury Agfa.
L’épaule de la colline « Au XVII siècle, Nicolas Poussin (l’étranger de Rome) estimait que pour réfléchir, pour faire oeuvre, il fallait : «errer fuori le mura», errer à l’extérieur des murs. New-York est-elle la même ville après un film comme « Manhattan » de Woody Allen, Berlin après « Les ailes du désir » de Wim Wenders, Rome après « Mamma Roma » de Pasolini ? Une caméra transforme les lieux. Elle dessine de nouvelles cartes, inhabituelles, sous la forme d’un récit, ou d’une émotion visuelle. Alors le cinéma devient un moyen de transport.
L’errance possède une vraie charge critique et bénéfique, elle redonne à l’homme le temps de regarder, de se ré-approprier sa pensée. Depuis Rome, j’ai emprunté les bus, les trains, j’ai rejoint les quartiers de banlieues autrefois bidonvilles, j’ai dépassé les Borgate puis j’ai poussé plus loin encore dans la nature environnante, quitté les routes pour emprunter des sentiers, sans autre but que de cultiver le vide, d’être absorbée dans un paysage, de cesser d’être moi. Mon problème n’étant pas d’inventer, encore moins de ré-inventer l’espace, mais de le lire, c’est à dire d’interroger celui-ci à ma façon, de transcender le réel pour en donner ma vision. Mon travail sur la nature ne relève pas d’une démarche moderne ou idéologique, mais plutôt comme le terrain de jeux de mon inconscient. Prendre un chemin qui ne mène nulle part est pour moi un moyen de communion avec le monde. C’est un cheminement physique et mental où le corps s’intègre au lieu, à la manière de Cézanne qui s’efforçait, je cite « d’unir des courbes de femmes à des épaules de collines ». Dans ma déambulation, j’ai tourné le dos aux monuments historiques qui n’expriment pas l’être des sociétés mais peuvent l’étouffer. Dans mes photographies, les choses sont là, ont toujours été là, enfouies quelques part, dans une grande banalité. Les apparitions sont lentes, discrètes, peu spectaculaires, tel l’émergence de Terence Stamp dans le film « Théorème » de Pasolini qui arrive sans bruit, comme un brouillard ».