Et vous, comment comprenez-vous cette photo ? Chaque jour de la semaine, les étudiants de l’ESJ Pro partent dans la rue, à la rencontre des festivaliers de Visa pour l’Image pour leur demander leur interprétation d’une photo. Il n’y a pas de bonne ou mauvaise réponse, seule l’imagination compte. Premier épisode avec cette photo de Timothy A. Clary visible dans l’exposition « Pandémies ».
« C’est une grande main qui s’apprête à nous saisir, nous petites fourmis. » Cette vision des choses que deux passantes livrent à la volée avant de s’engouffrer dans le couvent des Minimes, nombreux sont les visiteurs à la partager. Alain, grand habitué du festival et habitant de Perpignan, va, lui, encore plus loin. « Dans cette image, je vois une puissance supérieure, contre laquelle on ne peut rien. » Avant de conclure, sarcastique : « Peut-être même la main de dieu. »
Silence
Pour leur première venue à Visa pour l’Image, Céline et Justin, un jeune couple récemment arrivé à Perpignan, ne s’attendait pas à répondre à cette question avant même de voir une exposition. Les deux amoureux prennent leur temps, hésitent. Puis le jeune homme tente : « Cette photo, c’est la caractérisation du Covid, avec les doigts qui forment une grosse pince, qui nous prend en tenaille. Mais en même temps, la passante qui porte un masque semble protégée. On peut même penser que la main reste à bonne distance. «
Entre deux crises
Marion, qui a travaillé pendant dix ans pour le festival Visa, y voit un autre symbole, empreint d’espoir et de rêve. « Cette image, c’est celle de quelqu’un seul entre deux crises : celle du coronavirus et celle de la crise raciale. Dans cette situation, la main aurait un tout autre sens, elle emmènerait la passante ailleurs, dans un tout autre contexte. » Enfin, ce qui étonne Stéphane, c’est comment le photographe a figé l’instant. Le moment parfait entre le graphisme de la main violette, peinte sur un mur, et l’arrivée du personnage. « Cette photo, je la vois avant tout très esthétique. C’est le geste du photographe à l’instant T, plus que le message, qui m’interpelle. «
Priscilla Cathalan et Julien Francois
