Le Festival International du Photojournalisme Visa pour l’Image a ouvert ses portes samedi dernier. Cette semaine, la ville de Perpignan accueille tous les professionnels du monde du reportage. Nous vous présentons le programme des 26 expositions qui sont visibles gratuitement jusqu’au 13 septembre.
• Mohamed Abdiwahab : La Somalie broyée
AFP
Cette exposition revient sur la vie des Somaliens meurtris par les attentats et les combats entre bandes rivales. Cette violence au quotidien – carcasses de voitures encore fumantes et immeubles éventrés – rythme son travail. Les islamistes shebab, à la tête d’une insurrection dans le pays depuis 2007, multiplient les opérations de guérilla et les attentats suicides contre des sites en vue de la capitale somalienne.
• Lynsey Addario : Les réfugiés syriens au Moyen-Orient
Getty Images Reportage
D’après le Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, quelque 4 millions de personnes ont fui la Syrie depuis le début du conflit et 7,6 millions d’autres ont été déplacées. Pour ce reportage, Lynsey Addario s’est rendue en Syrie et dans les pays voisins, notamment la Turquie, le Liban, la Jordanie et l’Irak.
• Diana Zeyneb Alhindawi : Viols, procès de Minova
(Lauréate du Visa d’or humanitaire du Comité International de la Croix-Rouge (CICR) 2015)
Entre le 12 et le 19 février 2014, un tribunal temporaire a été installé à Minova, dans la province du Sud-Kivu en République démocratique du Congo (RDC), afin d’entendre les témoignages des victimes de viols vivant dans cette localité. Ce procès pour viols est le plus important de l’histoire de la RDC : 39 soldats des forces gouvernementales ont été accusés de crimes et d’actes de violence commis pendant dix jours de terreur, en novembre 2012, durant lesquels 1 000 femmes, hommes et enfants auraient été violés, rien qu’à Minova. En raison de la stigmatisation à l’encontre des victimes de viols, celles qui ont comparu s’étaient habillées de façon à conserver leur anonymat ; mais même avec ces précautions, seules 47 femmes sont venues témoigner. Le verdict a été rendu le 5 mai 2014 : deux soldats seulement ont été reconnus coupables.
• Arnaud Baumann (Sipa) & Xavier Lambours (Signatures) : De Hara-Kiri à Charlie
Un projet de Signatures, maison de photographes
En 1975, deux jeunes photographes s’invitent dans l’antre du détonnant Hara-Kiri. Arnaud Baumann et Xavier Lambours vont alors côtoyer l’équipe de rédaction du magazine, mais également tout le petit monde gravitant autour des deux grandes figures que sont le Professeur Choron et François Cavanna, fondateurs de Charlie Hebdo première version. D’anniversaires en fêtes, de canulars en provocations, de comités de rédaction en propositions de titres, le duo surnommé « Lambau » brosse le portrait de ces géniaux trublions, Gébé, Wolinski, Cabu, Willem et Reiser, dans la grande épopée d’une presse dérangeante par sa liberté. Suivront dix ans d’absence et la naissance d’un nouveau Charlie Hebdo en 1992. Cette exposition montre les fondateurs du titre et les générations qui leur ont succédé, de Berroyer, Vuillemin, Gourio, aux dessinateurs, Charb, Tignous et Honoré, assassinés aux côtés de Cabu et Wolinski.
• Daniel Berehulak : L’épidémie d’Ebola
Getty Images Reportage / The New York Times
L’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest a été la plus importante jamais enregistrée, faisant plus de 10 000 morts. Ces images, prises au Liberia, en Guinée et en Sierra Leone sur une période de quatre mois lors d’une mission pour le New York Times, montrent les conséquences de la crise sanitaire : des personnels de santé débordés, des centres de traitement grouillant de monde, des familles et des communautés déchirées. Les clichés tentent également de saisir les effets moins visibles, comme l’angoisse de la quarantaine ou la douleur des familles qui, par peur de la contagion, ne peuvent pas enterrer leurs proches selon les rites funéraires. Mais avant tout, ces photographies témoignent de l’humanité des victimes du virus et de la résilience des personnels de santé et des civils qui font tout leur possible pour s’occuper d’elles.
• Marcus Bleasdale : Terreur en République centrafricaine
Human Rights Watch / National Geographic Magazine
Alors que les médias s’intéressaient davantage à d’autres conflits, des milliers de personnes continuaient de se faire massacrer en République centrafricaine et des centaines de milliers de personnes ont dû fuir le pays. Entre octobre 2013 et février 2015, Marcus Bleasdale a passé plusieurs mois sur place, dans un climat de violence et de haine que nous n’avions pas vu en Afrique depuis le Rwanda en 1994, pour raconter les voisins qui s’entretuent et les représailles qui n’en finissent plus. Il ne faut pas oublier ce conflit. Il faut témoigner et dénoncer ces abus.
• Nancy Borowick : Le cancer, une histoire de famille
Ce n’est que lorsque l’on est confronté à sa propre mortalité que l’on comprend et apprécie la vie. C’est ce que montre Nancy Borowick dans ce projet personnel, en suivant ses deux parents atteints d’un cancer avancé tout au long de leur traitement. Elle se penche sur l’amour, la vie et l’existence face à la mort. Elle leur rend hommage en choisissant de montrer leur force et leur amour, seuls ou à deux, et raconte l’histoire du dernier chapitre de leur vie.
• Juan Manuel Castro Prieto : Pérou,vallée sacrée
Agence VU’
En 1990, Juan Manuel Castro Prieto rassemble le matériel de son laboratoire photo noir et blanc et part au Pérou pour réaliser des agrandissements de l’oeuvre du grand photographe Martín Chambi. Depuis lors, il fait de nombreux séjours dans ce pays qui l’émerveille. Dans cette exposition, il nous emmène sur les pas de Martín Chambi, qu’il admire profondément. Équipé d’une chambre grand format, il explore les lieux que le maître a photographiés. Il suit ainsi ses traces, cherchant à comprendre comment sa fascination pour l’univers andin a influencé son oeuvre et sa vie.
• Alejandro Cegarra : Le poids de l’héritage d’Hugo Chavez
Getty Images Reportage
Le 5 mars 2013, à 16h45, quatorze ans après avoir conduit la révolution bolivarienne au pouvoir, le président Hugo Chavez meurt, laissant derrière lui une révolution orpheline. Ses partisans souhaitent perpétuer sa mémoire et son héritage. Mais en quoi consiste cet héritage ?
• Viviane Dalles : Devenir « mère ado »
Prix Canon de la Femme Photojournaliste 2014 soutenu par le magazine ELLE
En 2014, elles étaient 5 000 mères adolescentes en France, âgées de 14 à 18 ans, à faire le choix de garder leur bébé à l’issue d’une grossesse pas toujours désirée. À contre-courant de notre société, elles arrêtent leurs études pour materner. Partagées entre le bonheur d’être mères et les tumultes de l’adolescence, elles tentent de construire leur nouvelle vie. C’est dans le Nord-Pas-de-Calais que l’on trouve le plus grand nombre de ces jeunes mères. Afin de mieux accompagner la jeunesse de cette région souvent stigmatisée, la présence de travailleurs sociaux s’est accentuée ces dernières années. Ces jeunes filles ont chacune une histoire différente, mais une même volonté les anime : celle de devenir une bonne « mère ado ».
• Manoocher Deghati : La réalité en face
Manoocher Deghati photographie l’actualité, les conflits et les questions sociales dans le monde entier depuis 1978. Il a débuté avec la révolution iranienne, puis la guerre entre l’Irak et l’Iran, son pays natal. Contraint à un exil forcé en 1985, il travaille pour plusieurs grandes agences et magazines, ainsi que pour les Nations unies en Amérique centrale, au Maghreb, en Afrique subsaharienne, en Asie, en Europe et au Moyen-Orient. En 2002, après la chute des talibans, il fonde AINA Photojournalism Institute à Kaboul. Après avoir été directeur photo pour l’Associated Press au Moyen-Orient pendant quatre ans, il s’installe à son compte dans le sud de l’Italie, où il vit aujourd’hui.
• Edouard Elias : La Légion étrangère en République centrafricaine
Getty Images Reportage / Lauréat du Prix de la Ville de Perpignan Rémi Ochlik 2015
Août 2014. Déployés au coeur de la Centrafrique, les soldats français, notamment ceux de la Légion étrangère, luttent contre une atmosphère oppressante. Ces images témoignent de la difficulté de leur mission : l’attente, un ennemi difficile à identifier et un environnement tropical souvent hostile.
• Omar Havana : Séisme au Népal
Getty Images
Le 25 avril 2015, un séisme d’une magnitude de 7,8 sur l’échelle de Richter a frappé le Népal, faisant près de 9 000 morts et 22 000 blessés, laissant des centaines de milliers d’habitants sans toit et détruisant des monuments historiques. Omar Havana est basé au Népal depuis octobre 2014. Il est immédiatement descendu dans la rue pour témoigner du chaos et de la catastrophe humanitaire qui se déroulaient sous ses yeux. Ses images montrent non seulement la douleur et les souffrances endurées par le peuple népalais, mais également leur force et leur détermination à reconstruire le pays pour, petit à petit, pouvoir retrouver une vie normale.
• Bülent Kiliç : De Kiev à Kobané
AFP
Bülent Kiliç, présent en 2014 place Maïdan, à l’est de l’Ukraine, en Turquie et en Syrie, a été récompensé par le Prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre, l’Association des Photographes de la Presse Nord-Américaine (NPPA), le China International Press Photo Contest (CHIPP) ainsi que par le magazine Time et le Guardian qui l’ont désigné photographe d’agence de l’année. Il nous semblait donc essentiel de mettre son travail en lumière.
• Andres Kudacki : Espagne : crise nationale du logement et expulsions
AP / Lauréat du prix ANI – PixPalace 2015
En Espagne, avec la précarité, un taux de chômage à 26 % et des baisses de salaires généralisées, des milliers de personnes n’arrivent plus à payer leur loyer ou leur crédit immobilier et sont menacées d’expulsion. D’autres sont victimes d’expropriation à la suite de spéculations immobilières entre des sociétés privées et le gouvernement. Les plus vulnérables ont été les plus durement touchés par les mesures d’austérité ; les logements sociaux sont revendus à des investisseurs privés. Réalisé au cours de ces trois dernières années, ce reportage s’intéresse à l’attachement des personnes à leur maison et à la façon dont elles font face aux expulsions.
• Gerd Ludwig : Tourisme nucléaire
National Geographic Creative / National Geographic Magazine
En 2011, alors que les images de la catastrophe nucléaire de Fukushima passaient en boucle sur les chaînes de télévision, le gouvernement ukrainien donnait son aval pour ouvrir aux visiteurs la zone interdite de Tchernobyl, devenue depuis une destination du tourisme de catastrophe. On peut photographier le sarcophage recouvrant le réacteur, mais l’attraction principale est la ville fantôme de Pripyat qui abritait 50 000 personnes avant la catastrophe. La nature a repris ses droits sur la ville, effaçant peu à peu les traces de la désolation. Parfois, les visiteurs et les guides touristiques mettent en scène des objets pour évoquer le passé, par exemple une poupée à côté d’un masque à gaz.
• Pascal Maitre : Fleuve Congo, reportage au coeur d’une légende
Cosmos / National Geographic Magazine
Voyager sur le fleuve Congo, c’est voyager au plus près d’une légende écrite par Stanley, Conrad et Naipaul… Mais aujourd’hui, 140 ans après Stanley, c’est aussi traverser une Afrique contemporaine où près de 30 millions de personnes vivent au bord du fleuve. Il constitue avec ses affluents l’unique voie de communication dans le bassin du Congo. Cette artère vitale a un rôle social et économique essentiel. Pour se déplacer, la plupart des habitants de la région n’ont d’autre choix que d’entreprendre un très long voyage, de 5 semaines à 7 mois, sur une des barges chargées de marchandises naviguant sur le fleuve. C’est un voyage extrêmement pénible et dangereux. Lors de différents accidents et naufrages, 6 000 personnes ont trouvé la mort sur le fleuve Congo et sa voie navigable.
• Giulio Piscitelli : De là-bas à ici, l’immigration et l’Europe-forteresse
Contrasto / Réa
L’immigration vers l’Europe n’a cessé d’augmenter ces trente dernières années, principalement en raison de l’instabilité politique et sociale au Moyen- Orient et en Afrique subsaharienne. Pendant quatre ans, Giulio Piscitelli a enquêté sur la crise et a couvert quasiment tous les pays concernés, des portes de l’Europe (Italie, Grèce et Espagne) aux pays de transit (Libye, Tunisie, Égypte, Soudan, Serbie et Bulgarie). Il nous livre une histoire, celle des conséquences désastreuses des bouleversements dans le monde et la réponse de l’Union européenne aux personnes en quête de sécurité, loin des conflits et de la misère.
• Sergey Ponomarev : La Syrie d’Assad
pour le New York Times
La vie dans un pays en guerre, la Syrie. Cela fait quatre ans que les explosions et les tirs d’artillerie font partie de la vie quotidienne des Syriens. Pour les citoyens de Damas, c’est devenu aussi banal que le bruit des voitures dans la rue. A Homs, où la révolution a débuté, barrages routiers et postes de contrôle bloquent l’accès au centre-ville. Certains quartiers restent animés mais les habitants vivent dans la crainte, souvent entassés dans des logements surpeuplés aux côtés de personnes déplacées, ou dans les décombres d’immeubles détruits par les bombardements.
• Eli Reed : A Long Walk Home
Magnum Photos
« A Long Walk Home » est la première rétrospective d’Eli Reed, retraçant cinquante années de carrière illustrées par 261 photographies. Eli Reed nous livre un portrait collectif de l’expérience américaine, de New York à la Californie, mais aussi des images sur la vie et les conflits en Afrique, au Moyen-Orient, en Amérique centrale et du Sud, ainsi que des portraits hollywoodiens. Eli Reed a reçu de nombreux prix et enseigne le photojournalisme à l’université du Texas à Austin tout en continuant à travailler sur différents projets.
• Stephanie Sinclair : Les déesses vivantes du Népal
pour National Geographic Magazine
Dans la vallée de Katmandou, des fillettes newaris prépubères sont vénérées comme des déesses. Ce sont les Kumaris, à qui l’on prête des pouvoirs tels que la capacité à prédire l’avenir, guérir les malades, exaucer les souhaits et assurer protection et prospérité. Elles relient la terre au divin et ont de nombreux adorateurs. Ce reportage photographique (pour National Geographic) nous permet de pénétrer dans l’univers fermé de ces déesses vivantes.
• Adrienne Surprenant : En attendant le canal au Nicaragua
Hans Lucas
Au Nicaragua, un canal interocéanique trois fois plus grand que celui de Panama va être construit par le Hong Kong Nicaragua Canal Development Group (HKND). Ce chantier titanesque va directement affecter près de 30 000 personnes, dont la plupart sont des fermiers qui dépendent de leurs terres. La menace d’expropriations prochaines et le manque d’informations créent un état de tension dans le pays. En décembre 2014, trois autoroutes ont été bloquées pour protester contre la construction du canal, et les manifestants ont été réprimés avec violence par les autorités.
• Goran Tomasevic : Burundi, trois fois non
Reuters
Goran Tomasevic couvre depuis plus de vingt ans les conflits à travers le monde. Des Balkans à la Syrie, en passant par l’Irak, l’Afghanistan ou la Libye, il a réalisé de nombreuses images de guerre iconiques. En 2015, il a passé six semaines au Burundi pour couvrir les violentes manifestations contre le président Pierre Nkurunziza, déclenchées par l’annonce de sa candidature à un troisième mandat. Un mouvement de protestation qui a plongé le pays dans le chaos.
• Alfred Yaghobzadeh : Le corps des femmes yézidies comme champ de bataille
pour Paris Match
Le 3 août 2014, les hommes de Daech mènent une offensive éclair dans les monts Sinjar, au nord-ouest de l’Irak. Là, vit la communauté yézidie, une minorité kurde dont les origines remontent à la Perse antique. Les hommes capturés par Daech sont exécutés, les femmes violées, vendues et réduites en esclavage. En mai dernier, une brigade de femmes yézidies est formée. Sur le front, ces jeunes filles se battent en première ligne avec les hommes, « parce que nous devons ne dépendre que de nous-mêmes, disent-elles, apprendre enfin à nous défendre pour reconquérir notre honneur ».
• Les 10 ans du Prix de la Ville de Perpignan Rémi Ochlik
Depuis 2006, la ville de Perpignan finance le Prix du Jeune Reporter. En 2012, nous avons rebaptisé le prix en lui ajoutant le nom de Rémi Ochlik, tué en Syrie. Aujourd’hui, pour sa 10e édition, c’est l’occasion de vous présenter une sélection de tous les lauréats. Tous sont devenus des photographes confirmés, preuve s’il en fallait que la valeur n’attend pas le nombre des années.