Comme ma femme Tereza et moi nous promenons dans les rues venteuses de Perpignan aujourd’hui, j’ai présente à l’esprit ma promesse de délivrer une chronique quotidienne du festival pour Le Journal – alors allons-y. J’entends parler depuis des années du Visa pour l’Image, et maintenant je suis à la fois terrifié et excité d’être invité pour exposer cette année.
Je suis inquiet de découvrir mon exposition, comment les impressions vont rendre, et à quoi ressemble l’accrochage. Et puis je pense à tout le travail ici – tant de brillants photographes et d’expositions. Je me demande ce que je pourrai voir qui m’inspirera. Je ne vois pas assez souvent de travaux récents, mais quand je le fais, je me rappelle à quel point c’est nécessaire, comme de respirer.
Et étant donné l’état actuel du photojournalisme, je suis aussi curieux de savoir ce que réserve le futur et ce que les présents pensent de cette question tant rebattue. Mais sérieusement, nous voici ici à un festival de photojournalisme de premier plan, au milieu d’une transition d’un vieux modèle à… peu importe ce qui va suivre. Peut-on vivre du photojournalisme, ou d’une quelconque forme de photographie ?
Après avoir reçu nos accréditations de l’équipe super accueillante et professionnelle du Visa, nous sommes allés découvrir mon exposition “Fearless Genius: The Digital Revolution 1985-2000” – et là, surprise ! – elle se tenait dans une ancienne prison ! C’était absolument merveilleux de découvrir les photographies encadrées par les vieux murs majestueux. Les impressions par Central Dupon Images sont splendides. Elles arrivent même à donner belle allure à ma Tri-X poussé.
Ma première inspiration me vient tout de suite de celle avec qui je co-expose au couvent Saint-Claire, Erika Larsen, de Redux, et des photographies du peuple Sámi qu’elle a réalisées pour National Geographic. Déploiement classique, lent et délicat, d’un riche ensemble de traditions complexes, ses images font preuve de beaucoup de respect et d’empathie.
Quant aux questions que je pouvais me poser sur l’avenir du photojournalisme, dans l’heure qui a suivi mon arrivée sur les lieux, je pouvais entendre ce sujet faire l’objet de toutes les discussions où que je me tourne. Heureusement, un verre de vin rouge m’attendait avant que je me joigne aux débats.
Alors je dirais qu’il y a un futur pour le photojournalisme. Avec le projet d’Erika, avec tout le travail formidable que le Visa présente, année après année, cela ne fait aucun doute. Il y aura toujours des photojournalistes pour raconter des histoires.
Ce n’est pas un problème nouveau, bien sûr, et il a été amené à mon attention pour la première fois en 1977 quand un vieux photographe du San Francisco Examiner m’a dit de laisser tomber l’idée de travailler pour la presse quotidienne. Les journaux étaient morts, d’après lui. Travaille pour la télé, m’a-t-il dit. Et c’était bien longtemps avant que le numérique ne détruise les vieux modèles de publication. Alors quel sera la suite ? J’ai vraiment envie de découvrir de nouvelles idées. Je vais interroger les gens que je vais rencontrer durant mon séjour, et partager avec vous tout ce qui me semblera prometteur. La semaine démarre sur les chapeaux de roues.
À suivre…
Doug Menuez