« I can’t breathe », c’est la phrase répétée pendant près de neuf minutes par l’afro-Américain George Floyd, avant de succomber lors d’une intervention policière, le 25 mai 2020 à Minneapolis (Texas). C’est aussi le nom que porte l’exposition de Visa pour l’Image. Une sélection de photographies de quatre quotidiens américains est exposée au couvent des Minimes, à Perpignan.
La première partie de cette exposition met le cap à l’ouest des États-Unis. Deuxième plus grand quotidien américain après le New York Times, le Los Angeles Times s’est donné pour mission de traduire en images les réactions à la mort de Floyd, dans le sud de la Californie et dans le Minnesota. Cette sélection, aussi éclectique que saisissante, montre des affrontements particulièrement musclés entre manifestants et policiers.
Trois clichés, baignés par la même lumière orangée des flammes, témoignent de la rébellion du mouvement Black Lives Matter. Des feux de poubelles aux voitures de policiers abandonnées et brûlées, la lutte dans les rues a été intense. L’une d’entre elles est particulièrement marquante. Wally Skalij a capturé l’arrestation d’un homme ayant enfreint le couvre-feu, dans le centre-ville de Los Angeles, le 31 mai : il est menotté dans le dos, dominé par l’ombre du policier armé d’un fusil.
Poings et drapeaux levés
Sur la côte est des États-Unis, le New York Times a relayé les nombreuses manifestations des New-Yorkais descendus dans les rues par milliers afin de demander justice pour Georges Floyd et soutenir le mouvement. « To know me is to love me but you only see my color » (« me connaître, c’est m’aimer mais vous voyez seulement la couleur de ma peau ») : c’est ce que l’on peut lire sur l’une des pancartes portées à bout de bras par les manifestants sur la première photo.
Cette dernière donne le ton de l’exposition : des scènes de manifestations, plus ou moins violentes, souvent en pleine nuit. Des poings levés aussi, en signe de protestation, et parmi la foule, le drapeau américain levé haut dans le ciel, parfois noirci par la fumée des lacrymogènes. Pour finir, un visage. Celui de Rayshard Brooks, un autre Afro-Américain, tué par la police de deux balles dans le dos, moins de trois semaines après la mort de Georges Floyd.
La pacifique Sacramento
Du côté de Sacramento, en Californie, tout commence avec un regard. Le regard empli de rage d’une manifestante face à des policiers. Un moment figé par Paul Kitagaki Jr., photographe au Sacramento Bee. Dans la capitale californienne, la mobilisation au nom de Black Lives Matter a commencé il y a déjà deux ans, depuis le meurtre de Stephon Clark par la police. Après la diffusion de la vidéo de la mort de George Floyd, la colère éclate à nouveau dans la ville. Les images des carcasses de voitures en flammes et des pillages illustrent la violence des manifestations.
Vient ensuite le calme glaçant des images de milliers d’Américains allongés sur le bitume. Le 5 juin 2020, pendant près de 9 minutes, ils simulent la mort sous des affiches portant les noms des victimes. Au milieu de tout ça, une chevelure blonde. Blottie dans les bras de sa mère, Spencer Fernandez, 4 ans, apporte une touche d’innocence et d’espoir, sous une pancarte portant le nom de l’homme assassiné.
Dans l’intimité de la famille Floyd
La série du Washington Post alterne scènes de foules, de violences et de moments de tendresse et de réconfort. Au loin, la Maison-Blanche apparaît, protégée par la Garde nationale. Pour cette dernière partie de l’exposition « I can’t breathe », George Floyd revient au centre du sujet. Les photos deviennent plus intimistes aussi. Salwan Georges, photographe pour le quotidien, se concentre sur Quincy Mason Floyd, fils de George Floyd, qui se recueille pendant une conférence de presse.
Plus loin, deux inconnues s’enlacent lors d’une manifestation pacifiste. L’exposition se resserre vers la conclusion de tous ces évènements, les funérailles de l’Afro-Américain. La dernière photo de Tamir Kalifa y met un point final. La foule regarde passer la calèche avec le cercueil de George Floyd sur le dernier kilomètre jusqu’au cimetière Houston Mémorial, où il sera inhumé.
Priscilla Cathalan et Léa Le Breton
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