Dans la continuité de mon travail autour des problématiques et tabous liés à l’enfance engagée depuis plusieurs années, je souhaitais aborder le thème de l’infanticide. Cet acte qui bouleverse et déchaîne les passions, et enflamme les médias.
Cette série de photographie est basée sur des histoires vraies, que j’ai répertoriées, en m’appuyant sur différentes études et écrits cliniques ainsi que différents médias. J’ai choisis de réaliser des photographies dans lesquelles le réel s’enchevêtre dans la mise en scène d’un instant donné, sans jamais montré l’acmé de chaque événement: je choisis de représenter l’avant ou l’après. En effet, il s’agit de suggérer ce qu’il s’est passé, de reconstituer ces histoires tragiques d’infanticide.
Ultra médiatisés, les cas de la petite Adélaïde à Berck ou celui de Marina dans la Sarthe ne sont que quelques arbres qui cachent la forêt des infanticides répertoriés chaque année en France.
Il n’existe quasiment pas de statistiques officielles concernant les infanticides. Le seul chiffre de référence avancé par le Centre d’épidémiologie des causes médicales de décès dépendant de l’Inserm (CepiDc) est de 17 homicides d’enfants de moins de un an en moyenne par an (période étudiée de 1996 à 2000).
Directrice de recherche à l’Inserm et spécialiste de la maltraitance des enfants, la pédiatre Anne Tursz a consacré cinq années à étudier le phénomène : «En extrapolant les résultats à la France entière, j’ai trouvé les cas de 255 infanticides d’enfants de moins de un an par an. Et encore, je n’ai pas comptabilisé dans cette étude les néonaticide (enfants tués avant d’être déclarés). Mais j’en avais repéré 29 par an». Il s’agit ici de statistiques concernant les enfants tués avant d’atteindre l’âge de un an. «Si l’on prend l’âge de référence de 15 ans (code pénal), on arrive au chiffre de 400 à 800 morts par an, explique Gérard Lopez, président de l’Institut de victimologie. Cela fait plus de deux enfants chaque jour!».
Virginie Plauchut