Pureté brute de l’instant capté de la ferveur consumériste dans un monument dédié au culte d’aujourd’hui, un édifice bati pour foi humaine témoin par l’amour de la folie humaine pour l’exception, la grandeur et la célébrité.
Les premiers bâtisseurs de cathédrales promettaient la fascination en créant des bijoux hors normes toujours plus hauts, plus grands et plus majestueux que les précédents.
La dernière en date, la cathédrale de la Sagrada Familia en Espagne n’échappe pas à la règle, jusqu’à ce que la prochaine s’élancera elle aussi vers les cieux lui volant alors la vedette. Sujette à de nombreuses controverses, connue du monde entier, elle fascine.
Dans ce lieu saint, nombre de visiteurs, touristes et pratiquants se confondent pour se joindre au même rituel, mondial et aculturel, la communion non plus avec le saint esprit, mais avec l’objet de toute les convoitises : la « pophoto » / le smartphone.
Cette ferveur médiatique se ressent jusque dans les lieux de cultes, et dans le contexte de la Sagrada Familia bien plus encore, le rituel prend alors figure de prière à confesse, entre soi et l’autre à travers le média du smartphone, le troisième œil du saint esprit, plus puissant que le prêtre omniscient, connectant non plus les hommes à leurs divinités mais les hommes entre eux, virtuellement et sans effort.
Prière à l’invisible 2.0, telle dans l’attente d’une réalité augmentée, impalpable, l’individu cherche à mieux se connaître à se faire remarquer dans la mondialisation galopante.
[La « pophoto », rituel contemporain né avec la révolution de l’image numérique. Populaire, instantanée (pop !) et criarde (pop art), définissant un nouveau niveau de communion universelle pour l’ensemble de l’humanité où chacun s’y reconnaît, que ce soit pour un Selfie ou un Instagram à afficher sur son mur. La photo devenant prêche, leur adoration leur feront valoir puissance et reconnaissance à leur prophète.]
Texte de Mozygus
