La quatrième édition du festival PORTRAIT(S) de Vichy ouvre ses portes aujourd’hui. Jusqu’au 4 septembre, Vichy devient le temps d’une saison un avant poste de la photographie d’aujourd’hui et présente au public des expositions centrées exclusivement sur l’art du portrait. Cette nouvelle édition présente neuf artistes, dont les expositions se tiennent simultanément en centre-ville et à l’extérieur, à ciel ouvert. L’Oeil de la Photographie vous présente chaque jour le travail d’un photographe de la programmation. Aujourd’hui focus sur l’exposition « Le Kinshasa de Depara » de Jean Depara.
Angolais d’origine, Jean Depara a émigré à Kinshasa dans les années 50 et s’est imposé très vite comme l’un des opérateurs les plus en vue de la capitale congolaise. Après avoir été ferrailleur, réparateur de vélos et d’appareils photo, il a monté son studio, le « Jean Whisky Depara » où s’engouffre toute la jeunesse kinoise. Quand il ne tire pas le portrait des beautés en robe bouffante et des matamores en bottes de cow-boy, il écume les bars de la ville – le Kwist, le Ok Ba, le Sarma Congo – et fait aussi la sortie des night-clubs en vogue – I’Afro Mogenbo, le Champs-Élysées ou le Djambo Djambu. Son flash en bandoulière, il éclaire les belles de nuit, fleurs de soie juchées sur le capot des voitures, flirtant avec l’amoureux d’un soir en chemisette cintrée. L’énergie vibrante et solaire de cette jeunesse noctambule transparaît dans les images de Jean Depara. Dans ses clichés effervescents, tout paraît accessoire et rien ne l’est. Les lunettes noires, les colliers en strass, l’escarpin de satin et le gilet à trois boutons sont les signes tangibles de la réussite sociale, les poinçons de la frime, les baromètres d’un système de valeurs établi par le commandement de la SAPE (Société des Ambianceurs et des Personnalités Élégantes). Le photographe est le témoin privilégié de cette grande parade, le messager d’une prospérité affichée et surtout le complice d’une folle liberté. Face à l’objectif de Jean Depara, on ne s’embarrasse d’aucun interdit : on s’enlace et s’embrasse à pleine bouche, on présente son meilleur profil, on bombe le torse, on écluse des bières et on twiste sur le trottoir. Ces images en noir et blanc sont en réalité hautes en couleurs. Elles sont autant le reflet d’une jeunesse insouciante, vivant au rythme de la Rumba et du cha-cha-cha, que le vibrant témoignage des grandes heures de Kinshasa, baptisée en son temps « Kin-la-joie, Kin-la-folie » par le romancier Achille Ngoye.
Après plus de vingt ans d’oubli, Jean Depara a été révélé en 1996, par les recherches de Revue Noire et Jean-Loup Pivin sur la photographie africaine.
FESTIVAL
PORTRAIT(S)
Du 10 juin au 4 septembre 2016
Le Kinshasa de Depara
Jean Depara
Centre Culturel Valery-Larbaud
03200 Vichy
France
https://www.ville-vichy.fr/agenda/festival-portraits-2016
