La quatrième édition du festival PORTRAIT(S) de Vichy ouvre ses portes aujourd’hui. Jusqu’au 4 septembre, Vichy devient le temps d’une saison un avant poste de la photographie d’aujourd’hui et présente au public des expositions centrées exclusivement sur l’art du portrait. Cette nouvelle édition présente neuf artistes, dont les expositions se tiennent simultanément en centre-ville et à l’extérieur, à ciel ouvert. L’Oeil de la Photographie vous présente chaque jour le travail d’un photographe de la programmation. Aujourd’hui focus sur l’exposition « Days in Vichy » de Anton Renborg.
En arpentant de jour comme de nuit, à la belle saison comme à la mauvaise, les rues, les parcs et les bars de Vichy, Anton Renborg s’est laissé fasciner par l’atmosphère singulière des lieux. Le jeune photographe suédois a longé des villas d’apparat, crâneuses sous l’excès d’ornements, approché des maisons closes et chétives, lovées sur leurs secrets. Il a croisé des visages marqués par le temps, fantômes de la Belle Époque, et cadré des corps à peine sortis de l’enfance, déjà pressés de jouer à des jeux adultes. Il a entrouvert des portes aussitôt refermées, remonté des avenues larges et des sens interdits, bu à la source du regard des jeunes filles en fleurs et à la fontaine des Célestins, dont l’eau minérale éclaircit le teint des vieillards. Il livre les images d’une ville fondée simultanément sur le paraître et sur le caché, une ville d’eau infusée par la grandeur de son passé impérial, une cité coquette et mondaine, un lieu de parade qui est aussi un théâtre d’ombres où s’attardent, la nuit tombée, des silhouettes capées de solitude.
Anton Renborg tient ses personnages à distance le jour, mais se rapproche des corps la nuit, portant sur les êtres un regard doux et bienveillant, délivré de tout jugement. Ses photos nettes et sans afféterie sont des catalyseurs de fiction. Grâce à lui, on croise un dandy septuagénaire, à l’oeil gouailleur sous le panama et l’on s’attarde dans un café aux fresques orientalistes, on trotte menu avec des attelages miniatures d’un autre temps et l’on s’invite dans des after-parties derrière les volets clos. Nuits et jours, hauts et bas, clartés et ténèbres s’engouffrent dans ses photos aux notes claires. À travers ses images presque toutes verticales, qui ignorent l’ouverture et le panorama, la ville semble vivre en vase clos ses histoires secrètes. Luminée par le rêve bleuté de ses bassins d’eau douce, Vichy se mire dans ses reflets inversés.
FESTIVAL
PORTRAIT(S)
Du 10 juin au 4 septembre 2016
Days in Vichy
Anton Renborg
Exposition extérieure