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Vertiges à Béthune

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La ville du Nord de la France accueille une exposition dédiée à la thématique du vertige. Orchestrée par la commissaire indépendante Léa Bismuth, elle donne à voir une élégante vision de la pensée de Georges Bataille dans une déambulation libre et légère.

Dernier volet d’une série d’expositions consacrée à la « traversée des inquiétudes », Vertiges s’ouvre sur les photographies de Juliette Agnel, dans l’espace intitulé « le plateau » au sein de Labanque, ancien bâtiment de la banque de France à Béthune. La photographe propose une immersion devant des glaciers géants qu’elle a pris en photographie au Groenland. La grandeur des tirages révèle la splendeur de ces immenses morceaux de glace dont on parle tant aujourd’hui et qui sont plus que jamais menacés. Réalisée au numérique, ces photographies sont ensuite retravaillées en studio pour atteindre cette teinte si particulière, presque orange sur certaines ou bleu nuit sur d’autres. Un étrange mélange de lumière, d’inversion photographique et qui nous donne une certaine façon de voir les glaciers, les imaginants plus proches de nous, plus complices, plus intimes.

Hiroshima

Non loin de là s’étend un vaste travail du photographe Antoine d’Agata. L’artiste a rassemblé près de mille photographies dans un accrochage audacieux qui fait la part belle au thème majeur de son œuvre, la violence. A gauche, des images prises au Mexique où des gens se piquent à l’héroïne tandis que d’autres s’adonnent à d’étranges et cruelles orgies. Plus loin, d’Agata photographie des misérables en Inde qui dorment dans la rue emmitouflés dans leurs couvertures. Plus loin encore, ce sont des images d’archives d’Hiroshima où l’on voit la souffrance des enfants, l’horreur qu’a causé l’envoie de la bombe atomique. D’Agata nous expose à la violence du monde et en même temps, ses images sont aussi le reflet d’une personnalité tendre, inquiète et soucieuse du devenir de l’humanité.

Cordes

Au sous-sol, sont exposées des vidéos de Romina de Novellis. L’artiste a à coeur de présenter des personnes en marge de la société dans d’étonnantes mises en scène, comme cette ronde effectuée dans une ancienne prison où des personnes de tout horizon – notamment un handicapé avec son déambulateur – se suivent les unes les autres. L’autre vidéo montre un groupe d’individus très hétéroclite avec l’artiste nue au milieu qui investissent un parc d’attraction abandonné; métaphore d’une utopie où le vivre ensemble serait devenu si simple…

A l’étage, on s’arrêtera sur la vidéo de Rebecca Digne. L’artiste a noué une immense corde à de gros cailloux sur la côte d’un coin d’Italie dont elle est originaire. En tirant sur la corde, elle agite sa ligne de vie, sa présence sur terre, le fil sur lequel l’artiste doit tenir; en funambule qui n’a pas peur de tomber, en affronteur du vide.

Jean-Baptiste Gauvin

 

Vertiges
du 8 septembre 2018 au 10 février 2019
44 place Georges Clémenceau
62400 Béthune

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