Adepte des métamorphoses et des « effacements » Véronique Loh fait faire dériver l’image-miroir. Jaillit une suite de présences évanescentes en des poses souvent énigmatiques, là où la femme semble sortie de la lampe d’Aladin. Elle trône dans une sorte d’ostentation réelle mais aussi remisée dans l’espace de la représentation mentale et visuelle.
Pour autant il n’existe rien d’allégorique ou de symbolique ici même si de telles poses peuvent évoquer parfois la peinture de Gustave Moreau. Nul en effet ne connaît la clé de telles présences qui se perdent entre pose et instabilité.
Les nuits paraissent blanches, la où l’image offre des coulées physiques de la pensée et à l’affûts de lointains. Tout demeure latent et incertain dans un espace sans le moindre repère sinon la femme et dans la vie des plis de ses voiles.
La dynamique de l’inconscient vient s’y agiter et démultiplier les ruses de l’entrevoir. Les émotions ne sont plus seulement optiques et la sensibilité n’est pas seulement visuelle. Dans la nuée une hantise prend gforme non exempte de volupté mais de l’ordre de l’écharpe là où l’hallucination et le songe ne font pas chambre à part dans un vide où tout se reconstruit.
L’enfermement intérieur et l’effacement trouvent ainsi une paradoxale sortie. Là où rien ne se perd mais où tout se transforme à la lumière des lucioles.
Jean-Paul Gavard-Perret