Passionnante et inédite exposition : ainsi la ville, sans doute la plus photographiée au monde, avait déjà ses artistes admirateurs sur « plaques » dès la fin du 19e et le début du 20e siècle. Anonymes ou « artistes », ils venaient poursuivre le travail des peintres et apporter un nouveau regard sur la Sérénissime. En reporters de l’époque, ils témoignent sur la vie quotidienne, la rue, les marchés, l’activité sur les canaux, le petit peuple. Et cela à un moment essentiel de l’histoire de la ville : la fin de l’emprise austro-hongroise et le combat pour le rattachement de Venise à l’unité italienne. Des extraits du film Senso de Luchino Visconti sont d’ailleurs projetés : la célèbre scène au théâtre de la Fenice où les jeunes patriotes interrompent le spectacle devant des dignitaires stupéfaits.
Outre le charme de ces images, parfois coloriées, où explose la beauté éclatante de la ville, il y a tout un travail expérimental sur la technologie. On y apprend ainsi que les premières photos à Venise datent de la moitié du XIXe. Des industriels financèrent même le travail sur la Crête d’un Vénitien Giuseppe Gerola (1899-1900). On trouve un intérêt de l’institut vénitien pour la photographie et ses techniques dés 1861 avec la description de l’alethoscope d’un certain Carlo Ponti dont on peut voir aussi des images au Musée Carnavalet.
Cette très belle exposition diffuse aussi des images de films. On y découvre ainsi, non sans émotion, que les frères Lumière vinrent à Venise en 1910 pour y planter leur caméra et y réaliser ce que l’on nommera « le ballet des gondoles sur les canaux de Venise ».
Paul Alessandrini
L’acqua e la luce
La fotografia a Venezia all’alba dell’Unità d’Italia
Jusqu’au 15 mai
Istituto Veneto di Scienze, Lettere ed Arti
S. Marco 2945
30124 VENEZIA (Italia)