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Vendôme, les Gnous

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C’est en Afrique de l’Est que se déroule une des dernières grande migration de mammifères au monde : celle des gnous.

Un jour, comme mues par un signal caché, les bêtes groupées dans les plaines du Serengeti se mettent en marche vers le nord dans de grands nuages de poussière, poussées par une force irrésistible. Elles cheminent lentement, tête basse, dans un concert de meuglements. Certaines files d’animaux peuvent atteindre 40 kilomètres de long sans interruption ! Parfois, des bêtes se mettent à courir, comme prises de folie, puis s’arrêtent, sans raison. Dans les immenses troupeaux les cris confondus de toutes les bêtes forment une rumeur qui s’entend de très loin. Les seuls liens entre les bêtes sont ceux qui unissent les mères et leurs jeunes. La multitude apporte une forme de sécurité et de protection à chacun. Cet exode qui s’étend sur près de 1 500 kilomètres aller et retour est une épreuve semée d’embûches pour les herbivores et, à l’opposé, une aubaine pour les prédateurs. L’un des principaux obstacles du parcours migratoire est la traversée de la rivière Mara au Kenya. Les gnous la franchissent en des points très précis qui sont souvent de petites falaises abruptes, et, des centaines d’animaux se noient ou sont piétinés à chaque traversée. A l’origine, ces points de passage étaient sans doute faciles. Mais l’érosion des sols et le piétinement répété, année après année, les ont transformés en petites falaises. Pourtant, rien n’arrête les bêtes dans leur besoin de migrer, ni l’encaissement de la rivière, ni les courants.

Les premiers gnous hésitent à traverser la rivière. Ils avancent dans les buissons qui bordent l’eau, puis remontent dans les plaines. Ceux qui font demi-tour bousculent les autres. Leurs valse-hésitation peuvent durer plusieurs heures et même des jours entiers. Quand les premières bêtes se décident à traverser la rivière Marra, la multitude des suivants les pousse vers l’avant et ils doivent sauter à l’eau. Les jeunes, séparés de leur mère, lancent des appels angoissés. D’autres rebroussent chemin, ajoutant à la confusion.

Une fois que les premiers ont démarré, les troupeaux ignorent totalement ce qui se passe autour et toutes les bêtes suivent comme pris de frénésie. Cette masse d’animaux lancés vers l’inconnu est extraordinaire. Quand le niveau de la rivière est haut, les jeunes qui traversent se débattent dans les eaux tourbillonnantes. Ils crient, séparés de leur mère par le courant et la foule des autres bêtes.

Tous les ans, certaines traversées de la Mara provoquent des centaines de morts, mais la rivière est nettoyée rapidement par les nombreux crocodiles, les vautours, ou les poissons-chat qui profitent de l’aubaine. Mais certaines années, le «nettoyage» naturel de la rivière est impossible tellement le carnage est grand !

L’arrivée des gnous au Masaï-Mara change complètement la vie dans les vastes étendues d’herbes hautes ; en les piétinant et en les broutant, ils les transforment en pâturages d’herbe rase fort appréciés des autres herbivores. Ces étranges gnous conditionnent la vie des autres animaux avec lesquels ils partagent l’écosystème. Ils se déplacent alors en fonction des orages, traversant et retraversant la rivière. Puis, en octobre ou même parfois avant, ils repartent en sens inverse. Pourquoi rentrent-ils alors que les pluies leur permettraient de rester sur place ? Une des réponses se trouve sans doute dans la différence de qualité des herbes.

La migration des gnous est liée aux besoins alimentaires ; son histoire est au moins aussi ancienne que celle de l’homme. C’est une quête perpétuelle de pâturages verts et d’eau. Elle dépend totalement du régime des pluies. Aussi n’est-elle jamais précise dans ses dates ni dans la forme qu’elle prend. Aucune migration ne ressemble à une autre.

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