Allen Ginsberg et la Beat Generation, les maîtres du Pop, Louise Bourgeois, Susan Sontag, Cassius Clay, James Rosenquist, le Lower East Side, Malcom X, la Tower of Light, Diane Arbus, Ed Sanders, les vestiges de Penn Station, Moondog contre la guerre du Vietnam, le New York des années 60 électrise musiciens expérimentaux, cinéastes undergroud et amateurs d’extrême, Greenwitch Village devenant l’aimant de ces talents en puissance…
La fresque signée Fred Mc Darrah, reporter et photo-journaliste, du Village Voice à l’entrée de l’exposition Velvet Underground – New York Extravaganza, nous rappelle à quel point le cinéma d’avant-garde et la photographie ont accompagné le groupe de rock The Velvet Underground et joué un rôle majeur dans son éclosion. Cette exposition totalement inédite et immersive à la Philarmonie de Paris, qui rassemble archives, portraits, images en grand nombre, musique et films alternatifs, rend hommage à ces photographes et compagnons de route des légendaires météorites, Jonas Mekas, Nat Finkelstein, Donald Greenhaus, Gerard Malanga, Adam Ritchie, Steve Schapiro et Stephen Shore. Mais comment ce qui reste un flop commercial en 1967, l’album à la banane, un ovni musical, deviendra le fondement du rock moderne et déclenchera une révolution esthétique sans précédent ? Comment un groupe d’une si brève existence s’inscrit-il durablement comme un modèle pour les générations suivantes (hommage appuyé de Bowie, Kurt Cobain, des Stones, des Cars…) ?
A l’origine, deux personnalités qui n’ont rien en commun. John Cale, issu de la classe moyenne anglaise, et Lou Reed, originaire de la petite bourgeoisie juive de Brooklyn, dont l’instabilité précoce est traitée à coup d’électrochocs. Une seule ville pouvait les rassembler, le New York cosmopolite, interlope et décadent. Autour d’eux gravitent le guitariste Sterling Morrison, la bassiste Maureen Tucker et bientôt Nico, l’actrice allemande adoubée chanteuse par Andy Warhol qui décide de prendre en main le destin du groupe. C’est alors que la Factory, pépinière et rampe de lancement du prince du Pop propulse le Velvet sous les projecteurs. Auraient ils eu la même trajectoire sans cette conjoncture artistique sans précédent ? C’est une autre question qui se pose. Nul doute que ce terreau exceptionnel d’art conceptuel, de films underground, de poésie tourmentée, rythmes tribaux, concourt à un contexte porteur même si l’intransigeance des sonorités déroute à l’époque. C’est après le départ de Nico et de Cale que Lou Reed peut revenir à plus de sensualité, de douceur et de souplesse. Et si le départ de Reed en 1970 dans une certaine indifférence signe le glas de l’aventure, l’influence du groupe ne cessera de croître, prenant une revanche posthume de Patti Smith à Iggie Pop et gagnera bientôt d’autres champs de la création : la mode, le cinéma, le graphisme, le design. Gus van Sant, Nan Goldin, John Giorno, Douglas Gordon, Jean Luc Verna en sont entre autres devenus les dignes héritiers et leur filiation est manifeste à la fin de ce parcours aussi troublant que planant grâce aux cabanes de Matali Crasset qui permettent de s’allonger pour voir défiler les images et les sons. L’esprit Velvet est bel et bien là, celui de cette poignée de dandy rebelles, ces excentriques épris d’absolu qui n’en finissent pas de nous fasciner avec leur déferlantes électriques et enragées !
EXPOSITION
The Velvet Underground
New York Extravaganza
Commissariat : Christian Fevret (les Inrockuptibles) et Carole Mirabello (société de production : Un monde meilleur)
Jusqu’au 21 août 2015
Philarmonie de Paris
221 avenue Jean Jaurès
75019 Paris
France
Week-end special Velvet Underground avec spectacle,concert, ciné-conférence, café musique les 21 et 22 mai 2016.
http://philharmoniedeparis.fr